Quelques réflexions sur la déchéance de nationalité d’Erich
Cohn-Bendit
Classement : apatridie ; Allemagne nazie
Ceci est une suite des pages consacrées à l’apatridie de
Daniel Cohn-Bendit, notamment Daniel
Cohn-Bendit a-t-il vraiment été apatride ?, dans lesquelles je m’efforce de
démontrer que contrairement à ce qu’il affirme, et que les médias semblent
tenir pour vrai, il n’a pas été apatride, en tout cas pas au sens où, par exemple, les Russes
des années 1920 l’avaient été.
Il me semble nécessaire pour approfondir la question de
réfléchir un peu à la situation de son père, Erich, notamment sur sa déchéance
de nationalité par le régime nazi.
L’acte de déchéance tel qu’il est cité par Gabriel
Cohn-Bendit
Des renseignements apparemment précis, mais en partie inexacts, se trouvent dans
l’autobiographie de Gabriel Cohn-Bendit, Nous sommes en marche.
Il écrit (page 71) :
« Dans l’entrée de mon appartement, chez nous à
Saint-Nazaire, je conserve dans un sous-verre l’étoile jaune de grand-mère* et
le certificat traduit copie-conforme de la déchéance de nationalité de notre
père.
Conformément au Journal officiel du Reich et de Prusse, n°
41 du vendredi 17 février 1939 ; en vertu de l’article 2 de la loi sur
l’annulation des naturalisations…
Cohn-Bendit Erich, né le 26 novembre 1902 à Berlin, était
déchu de sa nationalité en vertu de la loi du 14 juillet 1933. Et c’était
signé : le ministre de l’Intérieur du Reich, Pfunather.
Après Montauban et la fin de la guerre, […] »
Il change de sujet, évoquant leur vie à la « Colonie
Juliette ».
Notes
*grand-mère : Clara Bendit, mère d'Erich
Cohn-Bendit ; Clara vivait en France durant la guerre et réside à Paris après
la guerre
Analyse du document
Une vérification élémentaire sur le nom de
« Pfunather » ne donne malheureusement aucun résultat : Google
ne renvoie que trois réponses, toutes en relation directe avec le livre de
Gabriel, précisément par des citations à propos d’un colloque « Moissac,
ville de Justes oubliés » (27 et 28 avril 2013). Les variations
orthographiques ne donnent pas de résultat.
Par ailleurs, en 1939, le ministre de l’Intérieur du Reich était Wilhelm Frick (du 30 janvier 1933 au 20 août 1943).
« Pfunather » est donc certainement un substitut
de Frick, un bureaucrate, qui a signé par délégation (« par délégation du
ministre de l’Intérieur du Reich, [le ??chef de division] Pfunather »)
Gabriel indique qu’il ne s’agit pas d’un document original
(en allemand), mais d’une « traduction copie-conforme » : en
l’occurrence, la traduction a certainement fait sauter un élément du texte
allemand.
La restitution de document évoqué est un peu
chaotique : la phrase « Conformément… » semble être une
citation, marquée par un retrait de paragraphe, tandis que la suite
(« Cohn-Bendit Erich… 1933 ») est une paraphrase.
Le document original devait donc ressembler à ceci :
« Conformément au Journal
officiel du Reich et de Prusse, n° 41 du vendredi 17 février 1939 ; en
vertu de l’article 2 de la loi sur l’annulation des naturalisations,
Cohn-Bendit Erich, né le 26 novembre 1902 à Berlin, est
déchu de la nationalité allemande en vertu de la loi du 14 juillet 1933.
Par délégation du ministre de l’Intérieur du Reich, [le ??] Pfunather »
L'avis officiel de déchéance
Une des versions du document original (en allemand) est étudiée dans la page annexe : L'avis officiel de déchéance.
Ce document montre qu'il ne s'agit pas de « Pfunather », mais de « Pfundtner » (sans doute une erreur de scan), et
que celui-ci a bien signé « par délégation » (In Vertretung).
Les conséquences de la déchéance de nationalité d’Erich Cohn-Bendit
Les problèmes qu’il faut poser maintenant sont les suivants :
Quand est-ce que ce document est arrivé entre les mains d’Erich ?
Quand est-ce que ce document est arrivé entre les mains d’Erich ?
Quand est-ce qu’Erich Cohn-Bendit a été informé de sa
déchéance de nationalité ?
Quand est-ce que les autorités françaises en ont été informées ?
Quelles conséquences concrètes cette déchéance a-t-elle eues ?
Quand est-ce que les autorités françaises en ont été informées ?
Quelles conséquences concrètes cette déchéance a-t-elle eues ?
Les réponses seront apportées (ou non) sur une autre page : Les conséquences de la déchéance de nationalité d’Erich Cohn-Bendit.
A venir
*Présentation et étude d'une référence importante (Michael Hepp, Die Ausbürgerung deutscher Staatsangehöriger 1933–45 nach den im Reichsanzeiger veröffentlichten Listen, Munich, Saur, 1985, 3 volumes)
Création : 14
janvier 2016
Mise à jour : 30 janvier 2016
Révision : 6 septembre 2017
Auteur
: Jacques Richard
Blog :
Territoires
Page : 53. La déchéance de nationalité d'Erich Cohn-Bendit : l'avis de déchéance selon Gabriel Cohn-Bendit
Lien : http://jrichardterritoires.blogspot.fr/2016/01/decheance-de-nationalite-derich-cohn.html
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