dimanche 30 mars 2014

21. Daniel Cohn-Bendit apatride Annexe 3 (c) Le Monde (avril 1968)

Les mentions de la faculté de Nanterre et de Daniel Cohn-Bendit dans Le Monde du mois d'avril 1968


Classement : éléments biographiques  ; presse ; 1968 ; Le Monde




Ceci est une annexe des pages consacrées à la procédure d'expulsion de Daniel Cohn-Bendit en février 1968 et la suite des pages consacrées aux mois de janvier-février et mars 1968. 

Le cadre médiatique
A cette époque, l’actualité internationale se focalise sur la guerre du Vietnam, les suites de la guerre israélo-arabe de 1967, les développements du printemps de Prague et la répression en Pologne, ainsi que, fait moins connu, la crise monétaire mondiale.
Deux événements importants en avril : l'assassinat de Martin Luther King (6 avril) et la tentative d'assassinat de Rudi Dutschke (11 avril). 
En ce qui concerne la France, le mois d'avril 1968 est marqué par les congrès de plusieurs organisations universitaires (syndicats, etc.), qui occupent une large place dans le quotidien, ainsi que par la décision du gouvernement de mettre en place la sélection à l'entrée de l'université : « Le gouvernement déciderait d’introduire à partir de 1969 une sélection à l’entrée des facultés » (jeudi 4 avril ; l'information est confirmée le 6 avril).

Nanterre dans Le Monde en avril 1968
Le mois d'avril reprend sur les suites de la fermeture décidée fin mars. Ce n'est qu'à la fin du mois d'avril que Nanterre revient au premier plan de l'actualité. 
On trouvera ci-dessous une liste exhaustive (sauf oubli de ma part) des mentions de la faculté de Nanterre et de Daniel Cohn-Bendit en avril 1968.
Remarques : Le Monde parait effectivement la veille du jour de la datation, dans l’après-midi ; les références temporelles relatives (ce jour) sont donc au jour de la parution, veille du jour de la datation. 

Extraits
*dimanche 31 mars et lundi 1° avril,
Pages 1 et 7
Article de Michel Legris, « Qui sont les pro-chinois en France ? » (poursuivi les 2 et 3 avril)
Page 24 (dernière)
« Les mouvements d’étudiants / Nouvelles manifestations à Paris »

*mardi 2 avril, page 28 (dernière)
« L’agitation des étudiants / Nanterre : vers un modus vivendi »
L’article évoque :
- la reprise des cours le lundi
- l’octroi d’une salle de réunion
- les réactions de la FNEF et des étudiants de langue : « soutien scandaleux rencontré par les « enragés » auprès des assistants de sciences humaines »
- une déclaration du doyen
- une déclaration de Peyrefitte : « par leur excès, les « enragés » se discréditent de plus en plus aux yeux de la masse des étudiants et de l’opinion. »
Encadré : « Début d’incendie à la Sorbonne » (dans la nuit du samedi au dimanche).

*mercredi 3 avril,
Page 12
« Les incidents de Nanterre »
Est cité un communiqué de l’Alliance républicaine (Tixier-Vignancour) : « …une agitation dictée par les agents de la subversion communiste…. assurer la protection des étudiants nationaux … empêcher que l’université française ne tombe sous la coupe des agitateurs communistes. »
Page 24 (dernière)
« Nouvelle agitation à la faculté des Lettres de Nanterre »
L’article évoque, pour le mardi 2
- l’occupation d’un amphithéâtre par 1000 étudiants, suivie d’une panne d’électricité, qui prend fin lorsqu’un orateur (dans le noir) a proclamé que dans ces conditions, ils allaient occuper la tour de l’administration ; « Daniel Cohn-Bendit, l’étudiant qui avait pris à partie le Ministre de la Jeunesse et des Sports… a ensuite prononcé une allocution », puis est intervenu le président du SDS, Karl Dietrich Wolff.
- parallèlement a eu lieu un meeting de la FNEF où a été réclamé « le renvoi immédiat des agitateurs ».

*samedi 6 avril, page 1
Assassinat de Martin Luther King
Début de la période des congrès d'organisations universitaires, dont il est rendu compte quotidiennement.

*samedi 13 avril, page 1
Tentative d’assassinat de Rudi Dutschke
Le journal rend ensuite compte quotidiennement des manifestations en Allemagne, et, le cas échéant, en France.

*mardi 16 avril, page 3
« Manifestations à Paris devant l’ambassade d’Allemagne et au quartier latin » organisée par la section de Nanterre de l’UNEF, le PSU, etc.

*dimanche 21 /lundi 22 avril, page ??
« Manifestation dans le calme au quartier latin » le vendredi 19
« Deux meetings à la faculté de Nanterre »

*mardi 23 avril, page 24
L’article évoque une bagarre entre étudiants de droite et de gauche durant le congrès de l’UNEF

*jeudi 25 avril, page 9
« Nouvelle bagarre à la faculté de Nanterre » en relation avec les problèmes à l’UNEF

*samedi 27 avril, page 11
« L’agitation chez les étudiants / Nanterre : les "pro-chinois" empêchent M. Juquin de parler »
L’article indique qu’une réunion (vendredi 26) avec Pierre Juquin a été perturbée par les militants maoïstes. « Un accord avait été passé entre les leaders du "mouvement du 22 mars" qui regroupe l’ensemble des étudiants protestataires de Nanterre, mais les "pro-chinois" ne l’auraient pas respecté. Il avait été décidé que M. Daniel Cohn-Bendit, porte-parole des opposants d’extrême-gauche, poserait à M. Juquin des questions sur les articles hostiles de L’Humanité concernant Nanterre et les "pro-chinois" et que ces derniers n’interviendraient que si ce dernier refusait de répondre. »
Une seconde réunion devait avoir lieu avec Laurent Schwartz et André Gorz sur les problèmes de l’université : « la réunion n’avait pas commencé qu’un militant du CLER déclarait que Laurent Schwartz, [étant partisan de la sélection à l’entrée à l’université] ne faisait pas partie du mouvement ouvrier et ne pouvait pas prendre la parole à Nanterre. Nouvelle invasion de la tribune, cette fois par des étudiants qui voulaient entendre M. Schwartz. Une intervention énergique de M. Cohn-Bendit permit cependant de calmer les esprits et de dégager les orateurs. [...] Tandis que la salle criait son hostilité au CLER, il était décidé que M. Schwartz et M. Gorz devaient pouvoir s’exprimer librement et être soumis aux questions des étudiants. Le débat s’engagea ensuite dans un calme relatif et avec une courtoisie aussi relative. »

*dimanche 28 avril, page 8
« Nanterre : M. Cohn-Bendit est interpellé par la police »
Samedi, « … il a été interpellé et conduit au commissariat de police de Nanterre. Cette interpellation fait suite à la plainte déposée contre lui par un autre étudiant de Nanterre, M. Kervenoaël, militant de la FNEF qui avait été blessé [mardi dernier]. »
L’article fait un retour sur l’affaire Missoffe, puis :
« Dans un communiqué, la FNEF accuse M. Cohn-Bendit d’avoir prononcé de violentes menaces devant témoins à l’encontre de M. Kervenoaël.
L’UNEF proteste vigoureusement contre l’arrestation de M. Cohn-Bendit. »

Un autre article indique : 
« Les manifestations à la faculté de Nanterre se sont poursuivies vendredi par une assemblée générale du Mouvement du 22 mars, qui regroupe la plupart des étudiants d’extrême-gauche.
Vers 14 heures, un peu plus de 800 étudiants s’étaient installés dans un amphithéâtre rebaptisé "Che Guevara". …
Les participants ont décidé à la quasi unanimité d’organiser une manifestation devant l’ambassade d’Allemagne le 11 mai en écho à la "marche sur Bonn" organisée ce jour-là par le SDS. …
Ils ont également décidé de tenir les 2 et 3 mai à la faculté des « journées sur les luttes anti-impérialistes ».
Un représentant de l’Union des Jeunesses Communistes Marxiste-léninistes (pro-chinois) a procédé à une autocritique en règle … : "Nous avons au début qualifié le Mouvement du 22 mars de réactionnaire … Nous avions des idées préconçues, sectaires, abstraites sur les mouvements étudiants en général parce que ceux-ci ont rarement abouti … Nous avons décidé d’être comme des poissons dans l’eau dans le mouvement de Nanterre." »

*mardi 30 avril, page 4
« Nanterre : un meeting "d’explication sur la répression" »
Il a eu lieu « ce lundi… à la suite de l’arrestation de … Daniel Cohn-Bendit. Ce dernier ayant été relâché au bout de quelques heures, les responsables du "mouvement du 22 mars" ont décidé de suspendre le mot d’ordre de grève des cours. »
L’article rend compte de la journée du samedi :
- arrestation à 8 h 30 à la sortie de son domicile alors qu’il se rendait à l’ORTF
- deux motifs : violences contre l’étudiant Kervenoaël et participation à la rédaction d’un tract sur les cocktails Molotov
- interrogatoire au commissariat de Nanterre, puis à celui de Puteaux
- perquisition au domicile de Daniel Cohn-Bendit (sans résultats)
- interrogatoire à la Police judiciaire
- libération à 20 h.
L’article détaille ensuite la dénonciation par Jacques Baumel des agitateurs étudiants.
Puis : « La section du SNESup des enseignants de Sciences humaines (philosophie, psychologie, sociologie) de Nanterre estime que le mouvement étudiant exprime une crise réelle et générale de nos sociétés. Ils déclarent qu’ils "s’engagent à chercher des formes de coopération avec le mouvement étudiant dans le cadre de l’Université critique". »
Un encadré, « Création d’un nouveau mouvement étudiant d’extrême-gauche à Paris », signale que le CLER, fondé en 1961, est devenu la FER.

Commentaires
On note que le terme « enragés » apparaît dans Le Monde du 2 avril ; la formule « mouvement du 22 mars » seulement le 27.
En ce qui concerne la biographie de Daniel Cohn-Bendit, on remarque qu'à la fin d'avril il est confronté à une procédure judiciaire formelle, qui sera encore évoquée au début de mai, parallèlement à la procédure disciplinaire de l'Université de Paris.

Création : 30 mars 2014
Mise à jour : 3 avril 2014
Révision : 16 septembre 2017
Auteur : Jacques Richard
Blog : Territoires
Page : 21. Daniel Cohn-Bendit apatride Annexe 3 (c) Le Monde (avril 1968)
Lien : http://jrichardterritoires.blogspot.fr/2014/03/21-daniel-cohn-bendit-apatride-annexe-3.html








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