samedi 8 mars 2014

6. Daniel Cohn Bendit apatride 2 Eléments biographiques

Quelques faits biographiques en relation avec les déclarations de Daniel Cohn-Bendit, selon lesquelles il a été apatride


 Classement : people ; apatridie




Ceci est la suite de la page Daniel Cohn-Bendit a-t-il vraiment été apatride ?, dans laquelle j’exprime de sérieuses réserves sur la validité de ses proclamations d’apatridie.
La recherche de renseignements plus précis sur les premières années de la vie de Daniel Cohn Bendit m’a amené en premier lieu à consulter les notices qui lui sont consacrées dans Wikipédia, au moins dans leurs versions française et allemande, celle-ci se référant à des biographies plus détaillées.
Je commencerai par citer la partie des ces notices (version en cours le 6 mars 2014) concernant le sujet qui m’occupe, avant de les analyser.
Je mets en gras les assertions qui demandent des explications. Les astérisques renvoient à des notes au dessous de la citation. Entre crochets : explications.

La notice française de Wikipédia
« Origines familiales et enfance
Daniel Cohn-Bendit est issu d'une famille de Juifs allemands réfugiés en France suite à l'arrivée au pouvoir de Hitler (1933) ; son père est avocat et sa mère intendante de lycée [en Allemagne ou en France ?] ; il a un frère aîné, Gabriel, né en 1936*.
Au moment de sa naissance, ses parents ont l'intention d'émigrer aux États-Unis, raison pour laquelle ils ne l'inscrivent pas à l'état civil français [5]. En conséquence de cette absence d'inscription, Daniel Cohn-Bendit est apatride jusqu’à l’âge de 14 ans, où il opte pour la nationalité allemande [6] pour, dit-il, ne pas être soumis au service militaire en France [5] (actuellement, il se définit comme « citoyen européen »).
Son père étant reparti [vers 1950] reconstruire sa vie en Allemagne, Daniel — alors élève au lycée Buffon à Paris [5] — et sa mère le rejoignent [vers 1958], alors qu'il [son père] est atteint d'un cancer du poumon. Inscrit à l'Odenwaldschule, école alternative allemande en pleine campagne à 60 km de Francfort, il y fait son éducation politique [7]. Daniel Cohn-Bendit a relevé qu'être allé dans cette école autogérée et avoir fait autant de théâtre avait joué un rôle important dans sa vie [8].
Sa mère meurt en 1959, son père en 1963 [les dates doivent être inversées].
5 a, b et c « 50e anniversaire du traité de l'Élysée », émission Square, Arte, 22 janvier 2013.
6 Selon ses déclarations dans un reportage de Serge July diffusé le 28 mars 2008 sur France 5, ainsi que son interview à LaTélé Libre.
7 Emeline Cazi, Le vrai Cohn-Bendit, Plon, 2010.
8 Alain Aufray, « Ich liebe dich, moi non plus... », Libération, 1° juillet 2005 »
Notes
*Gabriel Cohn-Bendit est né à Montrouge le 14 avril 1936 (selon sa propre notice Wikipédia)

La notice allemande
« Kindheit und Jugend
Cohn-Bendits Eltern waren Juden. Sein Vater Erich Cohn-Bendit (1902–1959) war ein Berliner Rechtsanwalt [avocat] und engagierter Trotzkist. 1933 floh das Ehepaar vor den Nationalsozialisten aus Deutschland nach Paris. Einige ihrer Verwandten wurden als Berliner Juden 1942/43 nach Riga deportiert und kamen dort um oder wurden ermordet.[1] Ab 1936 gehörte Erich Cohn-Bendit zum engen Freundeskreis der jüdischen Philosophin Hannah Arendt, deren Werke seinen Sohn Daniel später stark beeinflussten.[2]
Seine frühe Kindheit verbrachte Cohn-Bendit in ärmlichen Verhältnissen [des conditions de pauvreté] in der Normandie und in Paris. Da die Eltern ursprünglich mit ihren Kindern in die USA auswandern wollten, beantragten sie nicht die französische Staatsbürgerschaft für ihn. [3] Der Auswanderungsplan scheiterte an Mittellosigkeit. Der Vater wurde alkoholabhängig, was eine Ehekrise auslöste. Die Mutter arbeitete für das Familieneinkommen, so dass sie wenig zuhause war für die Kinder.[4]
1952 ließ sich Erich Cohn-Bendit als Anwalt in Frankfurt am Main nieder, während seine Frau mit Daniel in Paris blieb. Sein Vater beantragte 1958 die französische Staatsbürgerschaft für ihn, einige dafür nötige Papiere fehlten jedoch. So blieb der Sohn zunächst staatenlos. 1958 zog seine Mutter mit ihm ebenfalls nach Frankfurt.[5]
In Deutschland besuchte Cohn-Bendit die reformpädagogische Odenwaldschule im hessischen Ober-Hambach bei Heppenheim. Er war als freundlicher, humorvoller, zu Streichen aufgelegter und redegewandter Schüler bei Mitschülern und Lehrern beliebt. Er versäumte als Nachfahre von NS-Verfolgten ein Stipendium [il laissa échapper une bourse comme descendant de victimes du nazisme] aus dem deutschen Wiedergutmachungsfonds, weil er den Antrag dafür zu spät einreichte.[6] Einer seiner Lehrer, der Franzose und Kommunist Ernest Jouhy, wurde nach dem Tod seines Vaters sein Ziehvater. 1961, mit 16 Jahren, musste sich Cohn-Bendit zwischen der deutschen und französischen Staatsbürgerschaft entscheiden und wählte (anders als sein neun Jahre älterer Bruder Gabriel Cohn-Bendit) die deutsche.[7] Damit wollte er auch dem Militärdienst in Frankreich entgehen.[8]
1963 starb seine Mutter in London; damit war er Waise geworden. Das Abitur legte er 1965 mit der Gesamtnote „Gut“ ab.[9] Der Direktor der Schule beschrieb Cohn-Bendit als progressiveingestellten, einfallsreichen und ungewöhnlich temperamentvollen Jungen.
Notes de Wikipédia
1  Sabine Stamer: Cohn-Bendit. Die Biografie. 2001, S. 34.
2  Regine Romberg: Athen, Rom oder Philadelphia? Die politischen Städte im Denken Hannah Arendts. Königshausen & Neumann, 2007, ISBN 978-3-8260-3361-2, S. 22.
3  Anne Siemens: Durch die Institutionen oder in den Terrorismus: Die Wege von Joschka Fischer, Daniel Cohn-Bendit, Hans-Joachim Klein und Johannes Weinrich. Bischoff, Frankfurt am Main 2006, S. 55.
4  Sabine Stamer: Cohn-Bendit. Die Biografie. 2001, S. 35f.
5  Wolfgang Kraushaar: Fischer in Frankfurt: Karriere eines Außenseiters. Hamburger Edition, Hamburg 2001, ISBN 3-930908-69-7, S. 80–83.
6  Sabine Stamer: Cohn-Bendit. Die Biografie. 2001, S. 48.
7  Sabine Stamer: Cohn-Bendit. Die Biografie. 2001, S. 50.
8 nach:a b c Christoph Kalter: Die Entdeckung der Dritten Welt. Dekolonisierung und neue radikale Linke in Frankreich. Campus, 2011, ISBN 978-3-593-39480-0, S. 210f.
9  Sabine Stamer: Cohn-Bendit. Die Biografie. 2001, S. 55. »

Analyse
La comparaison des deux notices permet de discerner quelques discordances, notamment à propos du décès de ses parents. 
En ce qui concerne la date du choix de la nationalité allemande, cette notice parle de 1961 (s’appuyant apparemment sur sa biographie allemande par Anne Siemens). Daniel Cohn-Bendit situe en 1959 (« quatorze ans ») la fin de son apatridie ; cet intervalle pose problème : qu'est-ce qu'il était entre 1959 et 1961 (ni apatride, ni allemand : français ?).
La notice française évoque une non inscription à l’état civil en 1945 (j'y reviendrai sur une page ultérieure), entraînant une apatridie qui ne prend fin que lorsqu’il choisit la nationalité allemande.
La notice allemande ne parle pas de cette non inscription, indiquant seulement que « Da die Eltern ursprünglich mit ihren Kindern in die USA auswandern wollten, beantragten sie nicht die französische Staatsbürgerschaft für ihn. [3 = Anne Siemens] » (étant donné que les parents voulaient à l’origine partir aux USA avec leurs enfants, ils ne sollicitèrent pas la nationalité française pour lui)
Un peu plus loin, cette notice dit que : « Sein Vater beantragte 1958 die französische Staatsbürgerschaft für ihn, einige dafür nötige Papiere fehlten jedoch. So blieb der Sohn zunächst staatenlos » [sans référence apparente] (son père sollicita la nationalité française pour lui, mais des papiers nécessaires pour cela manquaient. Ainsi resta-t-il apatride.)
Enfin : « 1961, mit 16 Jahren, musste sich Cohn-Bendit zwischen der deutschen und französischen Staatsbürgerschaft entscheiden und wählte (anders als sein neun Jahre älterer Bruder Gabriel Cohn-Bendit) die deutsche.[7= Sabine Stamer] Damit wollte er auch dem Militärdienst in Frankreich entgehen.[8= Christoph Kalter] » (en 1961, à 16 ans, il dut décider entre la nationalité française et allemande et choisit l'allemande (à la différence de son frère Gabriel plus âgé de 9 ans). Il voulait grâce à cela échapper au service militaire en France)

Deux séries biographiques analogues mais pas identiques
Si on essaie de présenter les choses de façon claire, on a donc :
1) une première série (notice allemande)
*naissance « sans demande de nationalité française » (à cause d'un projet de départ aux Etats-Unis)
*retour du père en Allemagne (1952)
*demande de nationalité française en 1958, compromise par l’absence d’une pièce nécessaire
*installation en Allemagne en 1958
*choix de la nationalité allemande en 1961

2) une seconde série (notice française)
*naissance non enregistrée (à cause d'un projet de départ aux Etats-Unis)
*retour du père en Allemagne (date non précisée)
*installation en Allemagne (idem)
*adoption de la nationalité allemande en 1959

Les deux notices parlent d’ « apatridie », quoique pour des raisons différentes ; aucune ne trouve bizarre qu’un apatride « choisisse » ou « doive choisir » sa nationalité à un certain âge.
En fait, ces notices, ainsi que, sous réserve de vérification, les ouvrages cités en note, ne prennent  pas en compte l’état de la législation dans les années 1945 à 1966 (entre la naissance et la majorité de Daniel Cohn-Bendit), tant en France qu’en Allemagne, de sorte que leurs allusions à des faits juridiques sont incompréhensibles (y compris pour les rédacteurs, qui manifestement rament pour ajuster tout cela). 



Création : 8 mars 2014
Mise à jour : 14 mars 2014
Révision : 26 septembre 2017
Auteur : Jacques Richard
Blog : Territoires
Page : 6. Daniel Cohn Bendit apatride 2 Eléments biographiques
Lien : http://jrichardterritoires.blogspot.fr/2014/03/daniel-cohn-bendit-apatride-2.html








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire