lundi 7 avril 2014

24. Daniel Cohn-Bendit apatride Annexe 2 (c) Le rapport de Serge Netchine

Quelques informations sur le rapport du psychologue Serge Netchine (février 1968)


Classement : la procédure d'expulsion de février 1968




Ceci est une annexe des pages consacrées à l’apatridie de Daniel Cohn-Bendit (cf. Daniel Cohn-Bendit a-t-il vraiment été apatride ?) et, plus particulièrement, d'une des pages consacrées à la procédure d’expulsion qu’il a encourue en février 1968, comparaissant devant la commission d’expulsion de la préfecture de police le 16 février 1968, suite notamment à des propos échangés le 8 janvier 1968 avec le Ministre de la Jeunesse et des Sports, François Missoffe.

Présentation
Le dossier concernant cette expulsion comprend le « mémoire en défense » rédigé par l’avocat François Sarda et deux pièces jointes (cf. Daniel Cohn-Bendit apatride Annexe 2 (a) Le mémoire en défense de François Sarda).
Une de ces pièces jointes est un rapport médical (psychologique) rédigé par un psychologue, Serge Netchine.

Serge Netchine (né en 1929)
Il a soutenu sa thèse en 1967 :
*L'Ontogénèse de l'activité électrique cérébrale chez l'enfant normal et le problème de ses relations avec le développement psychologique,
Dans les années 1980 et 1990, il enseignait à l’université Paris 5 avec une habilitation à diriger les thèses (cf. catalogue du SUDOC). Il devient directeur de recherche au CNRS en 1992 et à partir de 1996, dirige la collection Lexifac Psychologie chez Bréal (notice BnF).
L’orthographe « Netchschein » ne se trouve sur Internet que dans la version Google Books de l’ouvrage d’Emeline Cazi.
Son rapport est reproduit dans le livre d’Emeline Cazi, Le Vrai Cohn-Bendit, pages 305-307 ;  j’en donne ci-dessous quelques extraits. J’ai supprimé les phrases qui relèvent du diagnostic, qui n’ont pas d’intérêt pour le sujet.

Extraits
Les astérisques renvoient à des notes au dessous du texte.

« Page 305
Serge Netchine (Netchschein)
Psychologue
Chargé de recherche au CNRS.
45, rue Gay-Lussac, Paris.

Je puis porter témoignage en ce qui concerne la moralité et les antécédents de Monsieur Daniel Cohn-Bendit. Je le connais depuis son enfance, et j’étais lié avec ses parents. J’ai fréquenté au cours de ses études son frère [Gabriel Cohn-Bendit], actuellement professeur au lycée de Saint-Nazaire.
[…]

Emigrés antifascistes et juifs de surcroît, ses parents ont certes trouvé en France accueil et refuge. Toutefois ils ne pouvaient plus exercer leur profession d’avocats, et ce fait a provoqué dans la famille des difficultés aussi bien matérielles que psychologiques.
La naissance de Monsieur Daniel Cohn-Bendit a coïncidé avec une période particulièrement difficile, puisque encore très ébranlés par

Page 306
les récentes années de clandestinité, ses parents, malgré leurs efforts, ne parvenaient pas à trouver une insertion professionnelle satisfaisante ; en outre, la famille (trois générations*) continuait à vivre dans des conditions matérielles très précaires.
Ces nombreuses sources de tension ont provoqué une séparation. Le père de Monsieur Daniel Cohn-Bendit se rendit en Allemagne pour pouvoir enfin exercer sa profession, et, il importe de le souligner, non dans le but de s’intégrer à nouveau dans un pays qu’il ne considérait plus comme sien, mais pour y défendre les intérêts des victimes du national-socialisme.
A l’âge de treize ans, Monsieur Daniel Cohn-Bendit alors en classe de cinquième au lycée Buffon, accompagnait sa mère partie soigner son père, gravement malade, en Allemagne. Il entrait, alors, dans un internat allemand où il resta jusqu’à la fin du secondaire bénéficiant ainsi d’une bourse de l’Etat allemand, mais ne pouvant plus, du fait de sa résidence durant ces années, opter pour la nationalité française.
Son père mourut en 1959, sa mère en 1963.
Dès la fin de ses études secondaires, Monsieur Daniel Cohn-Bendit est rentré en France pour se rapprocher de son frère, mais aussi parce qu’il considère la France comme son pays.

[… p. 307…]
Monsieur Daniel Cohn-Bendit a été élevé dans un climat où il était toujours référé à la catastrophe qu’a représenté le nazisme, et sa sensibilité particulière à ce sujet a été récemment ravivée par des heurts avec des  groupuscules d’extrême droite qui se sont produits à Nanterre.
Ceci explique l’intensité de ses prises de positions syndicales, et aussi le fait qu’i peut être conduit parfois à des excès verbaux.
[…] si j’ai commencé par rappeler la biographie de Monsieur Daniel Cohn-Bendit, ce n’était pas seulement dans le but de mieux éclairer l’origine de ses perturbations, mais également pour expliquer quel choc signifierait pour lui d’être obligé de vivre dans un pays étranger, loin du seul lien familial qui lui reste, son frère. »

Notes
*Je le connais depuis son enfance, et j’étais lié avec ses parents. J’ai fréquenté au cours de ses études son frère : étant donné que Serge Netchine est né en 1929, il a dû faire des études à partir de 1947 et n’a pas dû faire la connaissance des Cohn-Bendit en tant que condisciple de Gabriel, étudiant à partir de 1954, mais peut-être comme assistant à l'université.
*trois générations : après la guerre, Clara Bendit (mère d'Herta Cohn-Bendit) habitait encore à Paris dans l’appartement du square Léon-Guillot
*ne pouvant plus, du fait de sa résidence durant ces années, opter pour la nationalité française : bien que né en France, comme il vit de 1958 à 1965 en Allemagne, il ne remplit plus une des conditions pour devenir français à 21 ans : avoir vécu en France depuis l’âge de 16 ans.

Commentaire
Ce texte n’apporte rien de nouveau en ce qui concerne précisément la nationalité de Daniel et Gabriel Cohn-Bendit, mais on y trouve quelques notations intéressantes

Quelques détails biographiques intéressants
*« [Erich Cohn-Bendit] se rendit en Allemagne pour pouvoir enfin exercer sa profession, et, il importe de le souligner, non dans le but de s’intégrer à nouveau dans un pays qu’il ne considérait plus comme sien, mais pour y défendre les intérêts des victimes du national-socialisme »
*« un internat allemand où [Daniel Cohn-Bendit] resta jusqu’à la fin du secondaire bénéficiant ainsi d’une bourse de l’Etat allemand »
*« Daniel Cohn-Bendit est rentré en France pour se rapprocher de son frère, mais aussi parce qu’il considère la France comme son pays »



Création : 8 avril 2014
Mise à jour : 
Révision : 16 septembre 2017
Auteur : Jacques Richard
Blog : Territoires
Page : 24. Daniel Cohn-Bendit apatride Annexe 2 (c) Le rapport de Serge Netchine
Lien : http://jrichardterritoires.blogspot.fr/2014/04/24-dcb-apatride-2-rapport-netchine.html








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