Quelques informations sur le rapport du psychologue Serge
Netchine (février 1968)
Classement : la
procédure d'expulsion de février 1968
Ceci est une annexe des pages consacrées à l’apatridie de
Daniel Cohn-Bendit (cf. Daniel
Cohn-Bendit a-t-il vraiment été apatride ?) et, plus particulièrement, d'une
des pages consacrées à la procédure d’expulsion qu’il a encourue en février
1968, comparaissant devant la commission d’expulsion de la préfecture de
police le 16 février 1968, suite notamment à des propos échangés le 8 janvier
1968 avec le Ministre de la Jeunesse et des Sports, François Missoffe.
Présentation
Le dossier concernant cette expulsion comprend le
« mémoire en défense » rédigé par l’avocat François Sarda et deux
pièces jointes (cf. Daniel
Cohn-Bendit apatride Annexe 2 (a) Le mémoire en défense de François Sarda).
Une de ces pièces jointes est un rapport médical
(psychologique) rédigé par un psychologue, Serge Netchine.
Serge Netchine (né en 1929)
Il a soutenu sa thèse en 1967 :
*L'Ontogénèse de
l'activité électrique cérébrale chez l'enfant normal et le problème de ses
relations avec le développement psychologique,
Dans les années 1980 et 1990, il enseignait à l’université
Paris 5 avec une habilitation à diriger les thèses (cf. catalogue du SUDOC). Il
devient directeur de recherche au CNRS en 1992 et à partir de 1996, dirige la
collection Lexifac Psychologie chez Bréal (notice BnF).
L’orthographe « Netchschein » ne se trouve sur
Internet que dans la version Google Books de l’ouvrage d’Emeline Cazi.
Son rapport est reproduit dans le livre d’Emeline Cazi, Le Vrai Cohn-Bendit, pages
305-307 ; j’en donne ci-dessous quelques extraits. J’ai supprimé les
phrases qui relèvent du diagnostic, qui n’ont pas d’intérêt pour
le sujet.
Extraits
Les astérisques renvoient à des notes au dessous du texte.
« Page 305
Serge Netchine (Netchschein)
Psychologue
Chargé de recherche au CNRS.
45, rue Gay-Lussac, Paris.
Je puis porter témoignage en ce qui concerne la moralité et
les antécédents de Monsieur Daniel Cohn-Bendit. Je le connais depuis son
enfance, et j’étais lié avec ses parents. J’ai fréquenté au cours de ses études
son frère [Gabriel Cohn-Bendit], actuellement professeur au lycée de Saint-Nazaire.
[…]
Emigrés antifascistes et juifs de surcroît, ses parents ont
certes trouvé en France accueil et refuge. Toutefois ils ne pouvaient plus
exercer leur profession d’avocats, et ce fait a provoqué dans la famille des
difficultés aussi bien matérielles que psychologiques.
La naissance de Monsieur Daniel Cohn-Bendit a coïncidé avec
une période particulièrement difficile, puisque encore très ébranlés par
Page 306
les récentes années de clandestinité, ses parents, malgré leurs efforts, ne
parvenaient pas à trouver une insertion professionnelle satisfaisante ; en
outre, la famille (trois générations*) continuait à vivre dans des conditions
matérielles très précaires.
Ces nombreuses sources de tension ont provoqué une
séparation. Le père de Monsieur Daniel Cohn-Bendit se rendit en Allemagne
pour pouvoir enfin exercer sa profession, et, il importe de le souligner, non
dans le but de s’intégrer à nouveau dans un pays qu’il ne considérait plus
comme sien, mais pour y défendre les intérêts des victimes du
national-socialisme.
A l’âge de treize ans, Monsieur Daniel Cohn-Bendit alors en
classe de cinquième au lycée Buffon, accompagnait sa mère partie soigner son
père, gravement malade, en Allemagne. Il entrait, alors, dans un internat
allemand où il resta jusqu’à la fin du secondaire bénéficiant ainsi d’une
bourse de l’Etat allemand, mais ne pouvant plus, du fait de sa résidence
durant ces années, opter pour la nationalité française.
Son père mourut en 1959, sa mère en 1963.
Dès la fin de ses études secondaires, Monsieur Daniel
Cohn-Bendit est rentré en France pour se rapprocher de son frère, mais aussi
parce qu’il considère la France comme son pays.
[… p. 307…]
Monsieur Daniel Cohn-Bendit a été élevé dans un climat où il
était toujours référé à la catastrophe qu’a représenté le nazisme, et sa
sensibilité particulière à ce sujet a été récemment ravivée par des heurts avec
des groupuscules d’extrême droite qui se
sont produits à Nanterre.
Ceci explique l’intensité de ses prises de positions
syndicales, et aussi le fait qu’i peut être conduit parfois à des excès
verbaux.
[…] si j’ai commencé par rappeler la biographie de Monsieur
Daniel Cohn-Bendit, ce n’était pas seulement dans le but de mieux éclairer
l’origine de ses perturbations, mais également pour expliquer quel choc
signifierait pour lui d’être obligé de vivre dans un pays étranger, loin du
seul lien familial qui lui reste, son frère. »
Notes
*Je le connais depuis son enfance, et j’étais lié avec ses
parents. J’ai fréquenté au cours de ses études son frère : étant donné que
Serge Netchine est né en 1929, il a dû faire des études à partir de 1947 et n’a
pas dû faire la connaissance des Cohn-Bendit en tant que condisciple de Gabriel,
étudiant à partir de 1954, mais peut-être comme assistant à l'université.
*trois générations : après la guerre, Clara Bendit (mère d'Herta Cohn-Bendit) habitait encore à Paris dans l’appartement du square Léon-Guillot
*ne pouvant plus, du fait de sa résidence durant ces années, opter pour la nationalité française : bien que né en France, comme il vit de 1958 à 1965 en Allemagne, il ne remplit plus une des conditions pour devenir français à 21 ans : avoir vécu en France depuis l’âge de 16 ans.
Commentaire
Ce texte n’apporte rien de nouveau en ce qui concerne précisément la
nationalité de Daniel et Gabriel Cohn-Bendit, mais on y trouve quelques notations intéressantes
Quelques détails biographiques intéressants
*« [Erich Cohn-Bendit] se rendit en Allemagne pour
pouvoir enfin exercer sa profession, et, il importe de le souligner, non dans
le but de s’intégrer à nouveau dans un pays qu’il ne considérait plus comme
sien, mais pour y défendre les intérêts des victimes du
national-socialisme »
*« un internat allemand où [Daniel Cohn-Bendit] resta
jusqu’à la fin du secondaire bénéficiant ainsi d’une bourse de l’Etat allemand »
*« Daniel Cohn-Bendit est rentré en France
pour se rapprocher de son frère, mais aussi parce qu’il considère la France
comme son pays »
Création : 8 avril 2014
Mise à jour :
Mise à jour :
Révision : 16 septembre 2017
Auteur
: Jacques Richard
Blog :
Territoires
Page : 24. Daniel Cohn-Bendit apatride Annexe 2 (c) Le rapport de Serge Netchine
Lien : http://jrichardterritoires.blogspot.fr/2014/04/24-dcb-apatride-2-rapport-netchine.html
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