Quelques remarques sur les énoncés post-soixante-huitards d’une « historienne » née après 1968
Classement :
Ludivine Bantigny ; pseudo-historienne
Cette page est liée à une autre qui
a la même référence de mon blog Les Malheurs de Sophisme (page).
Référence
*
« Ludivine Bantigny », Télérama n° 3647, 4 décembre
2019, page 6
L’autrice (lien)
Ludivine Bantigny, née en 1975, normalienne, agrégée
d’histoire, est maître de conférences à l’université de Rouen.
C'est aussi une rebelle (une reb-elle).
Texte
« [Ceux que
vous appelez « casseurs »] n’agissent finalement pas autrement que
ceux qui ont pris la Bastille en 1789, en détruisant violemment un monument national.
Or nous avons fait de ce jour notre Fête nationale […] »
Commentaire
Mme
Bantigny historienne, commet trois
erreurs en trois lignes : pas mal, pour une ex-normalienne ! Mais tout
à fait « normal », puisqu’elle souhaite, dans la lignée de la grande
tradition post-soixante-huitarde, nous faire croire que tout casseur d’aujourd'hui
est un héros de demain.
Analyse des trois erreurs de
Bantigny
Deuxième
erreur : les insurgés du 14 juillet 1789 ont certes pris la Bastille, mais
ils ne l’ont pas détruite, ils ont seulement coupé la tête du gouverneur, mis
à sac les archives et libéré les prisonniers; la destruction a été décidée très rapidement par les
autorités (municipales ?) et réalisée de façon « rationnelle » :
selon
Wikipédia (lien), « La Bastille fut ensuite démolie à partir du 15 juillet sous la direction
de l'entrepreneur privé Pierre-François Palloy. ».
Troisième erreur : en 1789, la Bastille n’était pas un « monument
national », c’était un fort (la bastille Saint-Antoine) recyclé en prison ;
elle abritait aussi un stock de munitions et c’est une des raisons essentielles
de l’assaut du 14 juillet. Mme Bantigny essaie-t-elle de nous faire croire que
les voies de fait sur l’Arc de Triomphe (assurément un « monument national »)
sont du même ordre que la prise de la Bastille ?
Première erreur : les insurgés de la Bastille suivaient les mots d’ordre
insurrectionnels lancés par un certain nombre de militants patriotes (Danton,
Desmoulins, etc.) en vue de protéger Paris et Versailles (où les députés du
Tiers État aux États généraux étaient en conflit avec le pouvoir royal) contre des
mouvements de troupes suspects autour de la capitale ; en attaquant la
Bastille, ils avaient parfaitement conscience d’être en état d’insurrection et de
mettre leurs vies en danger (certains sont effectivement morts). Les « casseurs »
des années passées n’ont évidemment pas la même perspective ; ils effectuent
tout au plus la pantomime d’un semblant d’insurrection.
Conclusion
À mon avis, il n’est donc pas légitime de comparer les
« gens qui s'engagent avec le corps » (selon Bantigny) et les
sans-culottes de 1789.
Ceux de 1789 n’ont pas détruit la Bastille qu’ils avaient
prise, mais ils ont mis la tête du gouverneur au bout d’une pique.
Ceux de 2019 ont pendu un mannequin de Macron au bout d’une
perche et détruit des abribus, avant de prendre le bus pour rentrer à la
maison.
Création : 20 janvier 2020
Mise à jour :
Révision : 26 avril 2020
Auteur : Jacques Richard
Blog : Questions d’histoire
Page : QH 75. La Révolution française selon Ludivine Bantigny
Lien : https://jrichardterritoires.blogspot.com/2020/01/la-revolution-francaise-selon-ludivine.html
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