Les mentions de la faculté de Nanterre et de Daniel Cohn-Bendit dans Le Monde du mois de mars 1968
Classement : éléments biographiques ; presse ; 1968 ; Le Monde
Le cadre médiatique
A cette époque, l’actualité internationale se focalise sur la guerre du Vietnam, les suites de la guerre israélo-arabe de 1967, le printemps de Prague et l'agitation en Pologne, ainsi que, fait moins connu, la crise monétaire. « L'agitation des étudiants » fait l'objet d'une rubrique récurrente.
Pour la France, en ce qui concerne l’université et l’enseignement, l’actualité est assez nourrie : mouvements à Nantes, Dijon et autres villes ; mouvements autour des restaurants universitaires et surtout des cités universitaires, pour lesquelles un projet de réforme a été élaboré en février.
En mars 1968 a lieu le colloque d’Amiens, qui préconise des réformes profondes.
Le 15 mars est publié le célèbre article de Pierre Viansson-Ponté « Quand la France s’ennuie ». A propos des étudiants, il oppose ceux d’Espagne et de Pologne, qui luttent pour de grandes causes, et ceux de France, qui s'ennuient et ne luttent que pour pouvoir pouvoir rendre visite aux étudiantes dans les cités universitaires : « une autre conception des droits de l’homme » (en janvier, François Missoffe avait préconisé, comme solution des problèmes sexuels, de plonger dans la piscine ; Pierre Viansson-Ponté assigne le même rôle aux combats pour les droits de l'homme !).
Nanterre dans Le Monde en mars 1968
Le sujet est moins productif en mars qu'en février 1968 ; c'est seulement à la fin du mois qu'il réapparaît vraiment, bien que la portée des événements ne soit pas comprise par les journalistes.
On trouvera ci-dessous une liste exhaustive (sauf oubli de ma part) des mentions de la faculté de Nanterre et de Daniel Cohn-Bendit en mars 1968.
Remarque : Le Monde parait effectivement la veille du jour de la datation, dans l’après-midi.
*jeudi 7 mars, pages 1 et 9 et vendredi 8 mars
Long article d’Alain Touraine (professeur à Nanterre) : « Naissance d’un mouvement étudiant » qui évoque les mouvements dans le monde entier (USA, Espagne, Italie, Pologne, France…)
*dimanche-lundi 17-18 mars, page 6
Page « Le monde à travers la presse » : « La colère des étudiants »
*samedi 23 mars, page 24 (dernière)
« Après les attentats antiaméricains de Paris »
L’article évoque des attentats dans la nuit de dimanche à lundi et la destruction des vitres de l’American Express le mercredi ; l’arrestation de Nicolas Boulte (Comité Vietnam national), de Xavier Langlade (trouvé avec un vaporisateur de peinture) et de plusieurs lycéens.
*jeudi 28 mars, page 10
« A la faculté de Nanterre / Le doyen va prendre des mesures pour tenter de mettre fin aux incidents »
L’article évoque des perturbations d’examens et de cours, puis, avec plusieurs jours de retard, l’occupation du 22 mars : « dans la nuit de vendredi à samedi, des étudiants ont occupé les locaux de l’administration pour protester contre l’arrestation de plusieurs étudiants… Des déprédations et de menus vols ont eu lieu au cours de cette occupation. »
La FNEF dénonce le « terrorisme » à Nanterre.
*vendredi 29 mars, pages 1 et 10
« L’agitation étudiante / Le doyen de la faculté de Nanterre suspend les cours jusqu’à lundi »
Il veut ainsi « empêcher la manifestation annoncée pour le vendredi 29 mars par les groupes d’étudiants d’extrême-gauche », avec appel à occuper le bâtiment de Sciences humaines. « Dans la soirée du 22 mars … 150 étudiants ont occupé la salle du conseil et fracturé les portes de plusieurs bureaux. »
L’article parle ensuite des inscriptions sur les murs (avec citations) et signale que certaines personnes se sentent en insécurité : « Si cela continue, je viendrai avec un revolver. » Des étudiants lancent des appels dénonçant « le sabotage systématique pratiqué par des déséquilibrés et des malades mentaux. »
*samedi 30 mars,
Page 1
« L’agitation étudiante en France et dans le monde »
Page 3
« Un groupe d’étudiants pratique des méthodes de partisans, déclare le doyen de Nanterre »
L’article évoque une conférence de presse du doyen (le jeudi 28) durant laquelle il a dénoncé « un groupe d’étudiants irresponsables… Ils ne se rattachent à aucune organisation politique. Ils constituent un élément explosif dans un milieu très sensible » et annoncé « des sanctions contre les dégradations causées par les inscriptions. »
Malgré la fermeture, une réunion de 300 étudiants a eu lieu le vendredi dans une salle de la résidence universitaire ; cette réunion n'a été marquée par aucun désordre.
Commentaire
Un point intéressant est que l'occupation du 22 mars et la naissance du Mouvement ne sont pas perçus par Le Monde, qui évoque la première de façon anodine seulement dans son numéro du 30 (de fait, le 29).
D'une façon générale, cette revue de presse ne semble pas accréditer la thèse de Michel Poniatowski (cité dans le livre de Gabriel Cohn-Bendit, Nous sommes en marche) selon laquelle si « le trublion » avait été expulsé en février 1968, (en gros) il ne se serait rien passé en Mai 68.
Mise à jour :
Révision : 16 septembre 2017
Auteur
: Jacques Richard
Blog : Territoires
Page : 20. Daniel Cohn-Bendit apatride Annexe 3 (b) Le Monde (mars 1968)
Lien : http://jrichardterritoires.blogspot.fr/2014/03/20-daniel-cohn-bendit-apatride-annexe-3.html
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