Quelques
remarques à propos de la limite entre Saint-Sébastien-sur-Loire et Nantes
Classement : géographie
locale ; Loire-Atlantique
Saint-Sébastien-sur-Loire
est une commune située immédiatement au sud-est de Nantes.
La
détermination de la limite entre Nantes et Saint-Sébastien (la dénomination actuelle étant très postérieure), en 1790, a donné
lieu à un débat qui s’est terminé au profit de Nantes.
Bibliographie
*Robert Durand,
Didier Guyvarc’h, François Macé et l’association « Les Amis de Saint-Sébastien »,
Du village à la cité-jardin Saint-Sébastien-sur-Loire
depuis ses origines, Saint-Sébastien-sur-Loire, ACL Editions, 1986, pages
92-94
[Robert Durand
était alors professeur d’histoire à l’université de Nantes]
Présentation
géographique
Si
on se réfère à un lieu important à l’époque dans la géographie locale, le pont
de Pirmil, l’église de la paroisse de Saint-Sébastien se trouvait (comme maintenant)
à une distance de 3 km à l’est ; plus près du pont, à environ 500 m au
sud-est, sur la route menant à Clisson, se trouvait l’église Saint-Jacques, liée
à l’hospice des pèlerins (devenu hôpital).
Au
moment de la création du système communal (loi du 14 décembre 1789), l’église
Saint-Jacques dépendait (« succursale ») de la paroisse de
Saint-Sébastien, qui s’étendait donc jusqu’à la rivière Sèvre (quartiers de
Pirmil et Dos d’Âne) et sur une partie des îles situées au nord du pont de
Pirmil (quartier de Vertais).
Le
conflit de 1790
La
loi de 1789 ayant pris les territoires paroissiaux comme référence pour
délimiter les communes, les habitants de Saint-Sébastien pensaient que le
territoire inclurait celui de la paroisse Saint-Jacques.
Cependant,
les villes, qui avaient une tradition municipale ancienne, regroupaient
plusieurs paroisses et les communes créées dans les grandes villes
comprendraient plusieurs paroisses. En ce qui concerne Nantes, le territoire de
Saint-Jacques était important, puisqu’il incluait le pont de Pirmil et ses
accès (route de Clisson/Poitiers, route de Montaigu/La Rochelle, notamment). De
plus, il existait un système défensif autour du pont, entretenu par la
municipalité de Nantes.
Celle-ci
a immédiatement considéré le territoire de Saint-Jacques comme nantais. En ce
qui concerne les habitants de ce quartier, les élections municipales du 23 mars
1790 montrent que les électeurs (censitaires) ne veulent pas se lier à la
population rurale de Saint-Sébastien.
La
municipalité de Saint-Sébastien fait appel (4 juillet 1790) devant les
autorités du district (arrondissement) de Nantes, qui lui donnent tort.
Il
n’y a pas eu d’autre appel, donc depuis juillet 1790, Nantes comporte une
excroissance au sud de la Loire (actuel quartier « Nantes-Sud »), séparant
Saint-Sébastien à l’est de Rezé à l’ouest (noter que le territoire de Nantes inclut
aussi le pont sur la Sèvre, « Pont Rousseau », sur la route de La
Rochelle, à 300 m du pont de Pirmil).
Cependant,
la paroisse Saint-Jacques reste succursale de Saint-Sébastien pendant une
dizaine d’années ; elle n’est devenue une paroisse autonome que lors du
Concordat de 1801.
Par
la suite, pendant les guerres de Vendée, Saint-Sébastien sera acquise aux
insurgés (les républicains s’étant réfugiés à Nantes), fournissant un des
officiers notables de l’ACR, François Lyrot de la Patouillère (1732-1793).
Une
« rumeur urbaine »
Il
y a quelques années, dans Wikipédia, régnait l’idée que c’est le Concordat de
1801 qui avait détaché le territoire de Saint-Jacques de celui de
Saint-Sébastien.
Mais
il s’agissait d’une confusion entre les domaines de l’administration de l’Etat
et de l’administration de l’Eglise, fondée sur une méconnaissance de l’histoire
locale.
Un lieu
commun local
Il
y a aussi des gens pour exprimer (de façon mi-sérieuse, mi-plaisante) l’idée
que « autrefois Saint-Jacques faisait partie de Saint-Sébastien » et
pour imaginer un « grand Saint-Sébastien » que Nantes aurait
injustement empêché.
Cette
idée repose sur une autre confusion : le fait que la paroisse
Saint-Jacques fût succursale de celle de Saint-Sébastien ne signifie nullement
que son territoire relevât ou fît partie de celui de Saint-Sébastien ! En
fait à cette époque, les délimitations administratives n’étaient pas homogènes
(sans même tenir compte des seigneuries qui ont existé jusqu’au 4 août 1789).
Notamment,
la municipalité de Nantes avait des pouvoirs, responsabilités et compétences
sur des points précis (par exemple les fortifications du pont de Pirmil) indépendamment
des autres pouvoirs qu’elle avait ou n’avait pas sur le territoire de la
paroisse Saint-Jacques. En revanche « Saint-Sébastien » (qui n’était
qu’une paroisse), n’avait aucun pouvoir de ce type sur le territoire de
Saint-Jacques.
Que
serait-il arrivé si Saint-Sébastien avait conservé Saint-Jacques ?
Pour
le savoir, il faut considérer l’histoire de l’ancienne commune de Doulon, située
face à Saint-Sébastien, au nord de la Loire. Lors de la création des communes, le
centre était située dans le quartier aujourd'hui appelé
« Vieux-Doulon » ; son territoire s’étendait jusqu’au secteur
actuel de la gare SNCF. Or au cours du XIXème siècle, ces quartiers limitrophes
de Nantes se sont fortement développés (un nouveau centre apparaissant à
Toutes-Aides vers 1860), tandis que l’ancien centre restait un bourg rural
(jusque dans les années 1960). Cette évolution est à l’origine de l’annexion de
Doulon par Nantes en 1905.
Cette
année-là, Nantes a aussi annexé Chantenay, à l’ouest.
Conclusion
Si la commune de Saint-Sébastien avait conservé le territoire de la paroisse Saint-Jacques,
elle aurait probablement été annexée par Nantes en 1905, comme l’ont été les communes
de Doulon et de Chantenay.
Création :
14 décembre 2017
Mise à jour :
Révision :
Auteur
: Jacques Richard
Blog :
Territoires
Page :
67. Les limites de
Saint-Sébastien-sur-Loire (Loire-Atlantique)
Lien :
http://jrichardterritoires.blogspot.fr/2017/12/les-limites-de-saint-sebastien-sur_14.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire