A propos
d’un manuel d’enseignement primaire du commencement de la III° République
Classement :
Gaule ; Gaulois ; nos ancêtres les Gaulois
Ceci est la suite de la page «
Nos ancêtres les Gaulois » 4 (Delagrave, 1876), dans
laquelle je présente l’ouvrage mentionné et reproduis les pages consacrées aux
Gaulois.
Je donne
et analyse ci-dessous quelques citations intéressantes,
concernant l’historiographie gauloise, notamment le problème de « Nos
ancêtres les Gaulois ».
Référence
*Caumont, Lectures courantes des écoliers français La famille – La maison – Le
village – Notre département – Notre pays, Paris, Librairie Charles Delagrave, 1876,
pages 231 à 235.
Historiographie
générale
*« Le pays que nous habitons, la France, s’appelait
autrefois la Gaule et les peuples qui y demeuraient portaient le nom de
Gaulois. »
*« Avant eux, une autre race avait occupé le pays,
race primitive qui vivait dans des cavernes, se nourrissait uniquement du
produit de la chasse, n’avait pour armes que des pierres grossièrement taillées
et des cornes de cerfs. »
L’auteur évoque ici les hommes (et femmes) du
Paléolithique, semblant ignorer les cultures néolithiques qui ont existé en
France.
*« Les Gaulois cultivaient la terre et se livraient
aussi à l’industrie : ils savaient extraire et façonner les métaux, forger
le fer. »
*« Leur religion leur prescrivait des sacrifices
humains. On trouve encore en France des monuments appelés dolmens et qui se
composent d’énormes blocs de pierre disposés en allée couverte. On prétend que ces
monuments ont servi aux sacrifices humains. Il est plus probable que ce sont
les tombeaux de la race primitive, antérieure aux Gaulois. ».
Remarque intéressante, séparant les monuments mégalithiques
de la civilisation gauloise, mais les renvoyant à la « race primitive »
paléolithique. Interprétation correcte des dolmens comme tombeaux.
*« Tantôt vainqueurs, tantôt vaincus, mais toujours
intrépides, ils firent la guerre dans presque tous les pays alors connus :
en Espagne, en Germanie, en Grèce, en Asie, mais surtout en Italie. Là |…], ils
furent d’abord victorieux, prirent la ville de Rome et la brûlèrent. »
Ici, l’auteur fait un amalgame entre les
« Celtes » (en général), qui se sont effectivement répandus en Espagne
(« Celtibères »), en Grèce et Asie (« Galates ») et les
« Gaulois » (Celtes de Gaule), qui au IVème siècle avant J-C ont
migré en Italie (« Gaule cisalpine » dans laquelle on trouve comme en
Gaule transalpine, des « Sénons », des « Cénomans », et quelques
autres) et attaqué Rome.
*« Jules César, un des plus grands généraux qu’il y
ait jamais eu, les commandait [les Romains]. Il leur fallut huit ans pour venir à bout de la
résistance des Gaulois. Un des chefs gaulois qui luttèrent avec le plus
d’opiniâtreté contre eux fut un jeune Arverne, dont le nom nous est inconnu. On
l’appelait le Vercingétorix,
c'est-à-dire le chef. »
On remarquera que dans ce livre ancien,
« Vercingétorix » est considéré sans inquiétude non pas comme un nom
mais comme un titre ou un surnom (alors que dans certains textes actuels, notre supposée « ignorance » du vrai nom de « Vercingétorix » est
parfois considéré comme un indice de l’inexistence des Gaulois).
*« [La Gaule] devint une province de l’empire romain.
Plus tard, elle fut conquise par un peuple, venu de la Germanie (aujourd'hui
l’Allemagne), le peuple des Francs.
Elle perdit alors son nom de Gaule pour prendre celui qu’elle a toujours porté
depuis : France. »
Il y a ici un raccourci historique : à l’époque des
Francs mérovingiens, on ne parle pas de « Francia », mais de
« Neustrie », « Austrasie », « Aquitaine »,
« Bourgogne » (Burgundia),
royaume de Paris, d’Orléans, etc., royaume de Gontran, de Childebert, etc. Ce
n’est qu’à l’époque carolingienne que le terme « Francia » devient
officiel, après le traité de 843 entre les trois fils de Louis le Pieux :
« Francia occidentalis », « Francia orientalis »,
« Lotharingia ».
La
formule « Nos ancêtres les Gaulois »
« Les Gaulois
Le pays que nous habitons, la France, s’appelait autrefois
la Gaule et les peuples qui y demeuraient portaient le nom de Gaulois. Ce sont
nos véritables ancêtres. »
L’auteur se réfère donc explicitement à « nos ancêtres
gaulois », non pas dans la formulation (de Lavisse) devenue un lieu
commun, mais dans un énoncé plus énigmatique : « Ce sont nos
véritables ancêtres. »
Quels sont les « faux ancêtres » auxquels pense
l’auteur de l’ouvrage ?
On pourrait, comme Laurent Joffrin (lien), penser à la problématique des Francs tenus pour
« ancêtres des nobles de France ». Dans cette conception, les
ancêtres du peuple, des non nobles, sont les Gallo-romains, vaincus par les
Francs.
Elle récuserait alors comme « véritables
ancêtres » les Gallo-romains au profit des Gaulois, auxquels elle attribue
effectivement nombre de qualités, mais aussi de défauts.
Personnellement, je ne pense pas que ce soit aussi
compliqué, d’autant que la problématique « Francs/Gallo-romains » n’était
pas d’actualité à la fin du XIX° siècle.
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Questions d’histoire
Page : QH 28. « Nos ancêtres les Gaulois » (Delagrave, 1876) : analyse et commentaires
Lien : http://jrichardterritoires.blogspot.fr/2018/01/nos-ancetres-les-gaulois-delagrave-1876.html
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