mardi 9 janvier 2018

QH 29. Viennot et la Révolution française 2

Quelques remarques sur un article d’Eliane Viennot à propos de la Révolution française


Classement : Révolution française ; pseudo-historienne ; post-vérité historique




Ceci est la suite de la page Eliane Viennot, la Révolution française et Donald Trump, dans laquelle j’étudie le début de l’article mentionné.

Référence
*Éliane Viennot, « Comment la révolution française prive les femmes de citoyenneté », Marianne, 22 décembre 2016 (lien)

Présentation
Eliane Viennot, que j’appellerai ci-dessous « Viennot », est actuellement au premier rang de la lutte pour l’ « écriture inclusive », dont elle est un très chaud partisan et un tonitruant héraut (voir la page Libération et maîtresse Eliane).
Elle est aussi l’auteur de cet article, qui vaut son pesant de cacahuètes. Sa campagne pour l’écriture inclusive est dans le droit fil de ses conceptions historiques : c’est le grand n’importe quoi.
Après avoir analysé le début de son article (cité intégralement), j’étudie ici le reliquat, qui est un peu moins « dérangeant ».

La fin de l'article
Le reste de l'article est en effet plus factuel : Viennot énumère toutes les interventions féminines dans le processus révolutionnaire, mais recense en même temps tout ce que des femmes ont pu subir durant cette période. 
Elle met de ce fait sur le même plan le rôle des femmes révolutionnaires (« les femmes sont omniprésentes dans les tribunes de l'Assemblée, d'où elles encouragent ou sifflent les orateurs »), et les victimes de certaines mesures révolutionnaires : 
« la fermeture des couvents jette à la rue des milliers de religieuses, les fragilise face aux municipalités qui les emploient (dans les hôpitaux par exemple), autorise les violences à l'encontre de celles qu'on reconnaît parce qu'elles refusent de quitter l'habit. Et elle prive d'instruction, durant de longues années, les centaines de milliers de filles qu'éduquaient les ordres féminins. » 
« Dès l'automne [1793], tandis que les plus en vue [des femmes] sont guillotinées (Marie-Antoinette, Roland, Gouges, Du Barry), les clubs de femmes sont fermés par décret. »
Tout cela est plus ou moins* exact, mais quel sens y a-t-il à amalgamer l'exécution de Marie-Antoinette et celle d'Olympe de Gouges ? A faire comme si seules les religieuses avaient été persécutées, pas les prêtres réfractaires ; sans signaler, au demeurant, qu'un certain nombre de ces religieuses se sont peut-être trouvées libérées par l'abolition des vœux monastiques, irrévocables jusqu'en 1789, bien que parfois voire souvent pris sous la contrainte de la famille (La Religieuse de Diderot est probablement un ramassis de calomnies contre l'Eglise catholique). Il est curieux que Viennot, grande militante féministe, n'évoque que celles qui « refusent de quitter l'habit » (pourquoi pas le voile !!!)
Note
*Je m'interroge notamment sur « les centaines de milliers de filles qu'éduquaient les ordres féminins » ; quelques milliers seraient peut-être suffisants ? [point à élucider]

Conclusion
Ce texte, qui fournit un certain nombre d'informations et de sujets de réflexion, n'en est pas moins gravement déformé par l'absence de contextualisation, par sa focalisation sur un aspect partiel de l'histoire de la Révolution, par son parti-pris hostile à la Révolution.
Il est permis de se demander la nature de la caution que Marianne donne à de tels développements (il est vrai que ce magazine n’est pas toujours au top dans ce domaine : voir la page Marianne et les serfs du Moyen Âge).



Création : 9 janvier 2018
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Questions d’histoire
Page : QH 29. Viennot et la Révolution française 2
Lien : http://jrichardterritoires.blogspot.fr/2018/01/viennot-et-la-revolution-francaise-2.html








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