Quelques remarques sur un article d’Eliane Viennot à
propos de la Révolution française
Classement :
Révolution française ; pseudo-historienne ; post-vérité historique
Ceci est la suite de la page Eliane
Viennot, la Révolution française et Donald Trump, dans
laquelle j’étudie le début de l’article mentionné.
Référence
*Éliane
Viennot, « Comment la révolution française prive les femmes de citoyenneté », Marianne, 22 décembre 2016 (lien)
Présentation
Eliane Viennot, que j’appellerai ci-dessous
« Viennot », est actuellement au premier rang de la lutte pour l’
« écriture inclusive », dont elle est un très chaud partisan et
un tonitruant héraut (voir la page Libération et
maîtresse Eliane).
Elle est aussi l’auteur de cet article, qui vaut son pesant
de cacahuètes. Sa campagne pour l’écriture inclusive est dans le droit fil de
ses conceptions historiques : c’est le grand n’importe quoi.
Après avoir analysé le début de son article (cité
intégralement), j’étudie ici le reliquat, qui est un peu moins « dérangeant ».
La fin de l'article
Le reste de l'article est en effet plus factuel : Viennot
énumère toutes les interventions féminines dans le processus révolutionnaire, mais
recense en même temps tout ce que des femmes ont pu subir durant cette période.
Elle met de ce fait sur le même plan le rôle des femmes
révolutionnaires (« les femmes sont omniprésentes
dans les tribunes de l'Assemblée, d'où elles encouragent ou sifflent les
orateurs »), et les victimes de certaines mesures révolutionnaires :
« la fermeture des couvents jette à la rue des
milliers de religieuses, les fragilise face aux municipalités qui les emploient
(dans les hôpitaux par exemple), autorise les violences à l'encontre de celles
qu'on reconnaît parce qu'elles refusent de quitter l'habit. Et elle prive
d'instruction, durant de longues années, les centaines de milliers de filles
qu'éduquaient les ordres féminins. »
« Dès l'automne [1793], tandis que les plus en vue
[des femmes] sont guillotinées (Marie-Antoinette, Roland, Gouges, Du Barry),
les clubs de femmes sont fermés par décret. »
Tout cela est plus ou moins* exact, mais quel sens y a-t-il
à amalgamer l'exécution de Marie-Antoinette et celle d'Olympe de Gouges ? A
faire comme si seules les religieuses avaient été persécutées, pas les prêtres
réfractaires ; sans signaler, au demeurant, qu'un certain nombre de ces
religieuses se sont peut-être trouvées libérées par l'abolition des vœux monastiques,
irrévocables jusqu'en 1789, bien que parfois voire souvent pris sous la
contrainte de la famille (La Religieuse de Diderot est probablement un ramassis de calomnies contre l'Eglise catholique). Il est curieux que Viennot, grande militante féministe, n'évoque que celles qui « refusent de quitter l'habit » (pourquoi pas le voile !!!).
Note
Note
*Je m'interroge notamment sur « les centaines de
milliers de filles qu'éduquaient les ordres féminins » ; quelques milliers
seraient peut-être suffisants ? [point à élucider]
Conclusion
Ce texte, qui fournit un certain nombre d'informations et
de sujets de réflexion, n'en est pas moins gravement déformé par l'absence de
contextualisation, par sa focalisation sur un aspect partiel de l'histoire de
la Révolution, par son parti-pris hostile à la Révolution.
Il est permis de se demander la nature de la caution que Marianne
donne à de tels développements (il est vrai que ce magazine n’est pas toujours
au top dans ce domaine : voir la page Marianne
et les serfs du Moyen Âge).
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Questions d’histoire
Page : QH 29. Viennot et la Révolution française 2
Lien : http://jrichardterritoires.blogspot.fr/2018/01/viennot-et-la-revolution-francaise-2.html
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