mercredi 22 avril 2015

43. Le Gâvre 2 : quelques pages de Louis Bizeul (1845)

Quelques informations concernant la commune du Gâvre (Loire-Atlantique) : quelques pages d’un ouvrage de Louis Bizeul


Classement : géographie administrative ; géographie locale ; Loire-Atlantique




Ceci est la suite de la page Les limites de la commune du Gâvre, dans laquelle je présente la commune.
Je reproduis ci-dessous de longs extraits d’un ouvrage de Louis Bizeul sur les voies romaines autour de Blain, dans lesquelles il étudie l'ancienne voie de Blain à Rennes, qui a joué un rôle important dans la délimitation du territoire du Gâvre. 

L’auteur
Louis Jacques Marie Bizeul (1785-1861, lien) est un historien présenté comme suit sur la page de titre de son livre « M. Bizeul, de Blain, membre correspondant de la Société royale des antiquaires de France, de la Société académique de Nantes, etc. ».
Il est le fils de Jacques Bizeul, archiviste de la maison de Rohan, notaire royal puis impérial ; lui-même notaire à Blain de 1810 à 1835, il en a été maire et conseiller général. 
A partir de 1835, il se consacre à l'histoire locale et régionale, suivant les méthodes d'Arcisse de Caumont.
Il est l’auteur de nombreux ouvrages : 
*Des Namnètes aux époques celtique et romaine et de nombreux autres ouvrages locaux *Oudon Ses seigneurs et son château
*De Rezay et du pays de Rais 
*Des bassins calcaires du département de Loire-Inférieure ou régionaux
*Des voies romaines sortant de Rennes
*Des voies romaines sortant de Carhaix
*Voie romaine de Poitiers à Nantes
*etc.

L’ouvrage
Référence
*Des voies romaines sortant de Blain (Loire-Inférieure), Nantes, Imprimerie de Mme Vve Camille Mellinet, 1845
Table
*Voie romaine de Blain à Nantes, page 3
*Voie romaine de Blain vers Saint-Nazaire, page 57
*Voie romaine de Blain à Rennes, page 121
*Voie romaine de Blain vers Chasteau-Briant et le Bas Maine, page 167
Cet ouvrage est disponible sur Gallica (lien vers la page 121)

Extraits
Page 121
« Voie romaine de Blain à Rennes
Cette voie sortait de Blain par la rue de l’Ormaie* et le chemin du Gavre*, qu’elle suivait pendant une centaine de mètres, puis entrait dans une pièce de terre nommée les Grandes-Vignes, à l’est du même chemin, continuant de le suivre bord à bord, et conservant, malgré la culture, une convexité assez apparente. C’est ainsi qu’elle gravissait le coteau, et arrivait à un moulin fort ancien, qui a été construit sur la voie, et nommé le grand moulin de Gallais.  De ce moulin jusqu'à un autre récemment bâti, et nommé le moulin Maillard*, la voie continue la parallèle, à l’est, avec le chemin du Gavre, sans le toucher précisément, mais aussi sans s’en éloigner beaucoup. On en retrouve les vestiges fort apparents dans toutes les pièces à l’est du chemin, sous la forme d’un gros sillon d’une vingtaine de pieds de largeur et d’un mètre d’épaisseur, sillon
Notes
*rue de l'Ormaie : ?
*le Gavre : orthographe utilisée par Bizeul
*moulin Maillard : cf. notes de la page 122

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que n’a pu faire disparaître une culture variée et continuelle. C’est l’agger de la voie ; il est formé à sa base de grosses pierres dont la majeure partie est une sorte de poudingue composé de cailloux roulés de quartz réunis par un gluten ferrugineux, commun dans le pays et connu sous le nom de renard. Cette couche de pierre est recouverte d’une argile à briques fortement conroyée et posée à un pied d’épaisseur ; enfin, sur cette argile est une autre couche de cailloux roulés de quartz, dont on trouve d’immenses dépôts dans le voisinage. Cette couche, qui formait la croûte supérieure de la voie, a perdu beaucoup de son épaisseur ; mais on peut juger, par quelques parties le mieux conservées, que cette épaisseur n’était pas moindre d’un pied à quinze pouces.
Avant d’arriver au moulin Maillard, la voie disparaît au passage d’un petit ruisseau nommé de l’Emion* ; mais, en remontant le coteau, elle reprend toute sa beauté. Dans un acte de vente du 23 février 1751, elle sert de débornement à un morceau de lande vague, situé sur ce coteau, nommé Haute-Rive, et est désignée sous le nom de vieille chaussée conduisant du château de Blain au Gavre. Elle est, dans cette partie, tellement empierrée, que, quoique enclavée dans divers pièces nouvellement défrichées, les laboureurs ont dû renoncer à l’entamer, dans la crainte de briser leurs charrues.
Le moulin Maillard* est situé dans la commune de Vay, à peu près au point séparatif de cette commune et de celles de Blain et du Gavre. A ce point, la voie commence à servir de ligne délimitative entre Le Gavre et Vay, et cela jusqu'au village de l’Angléchais*, que nous trouverons bientôt
Notes
*l'Emion : lieudit (carte IGN) 
*moulin Maillard : sans doute noté Ancien moulin (IGN) au niveau du lieudit  moulin de l'Emion
*l'Angléchais : actuellement orthographié l'Anglechais

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en arrivant au Gavre. A ce même point, elle se confond avec le chemin actuel de Blain au Gavre, dans lequel, malgré une ruine presque complète, on en retrouve encore quelques fragments. Elle passe au pied du vieux moulin du Gavre*, qu’elle laisse à l’ouest, et bientôt elle disparaît dans un chemin rompu et creusé ; et c’est à grand’peine si un œil exercé peut, sous la haie occidentale de ce chemin et au bord des pièces de terre adjacentes, en reconnaître quelques débris. C’est ainsi qu’lle traverse le village de l’Angléchais, et arrive à la longue chaussée qui, tout à la fois, servait à former un étang autour du château du Gavre, et à livrer un passage, commandé par ce château, pour se rendre à la ville et franchise du même nom.
Quoique je n’aie trouvé au Gavre rien qui rappelle l’occupation romaine, si ce n’est le passage de la voie que je décris, je ne puis m’empêcher de dire un mot de ce château et de cette ville et franchise […].
Une immense forêt, qui s’étendait depuis Nozay jusque près de Redon, couvrait autrefois la chaîne de collines qui sépare les eaux de l’Isar* et du Don. La forêt royale du Gavre en est un reste. La plus ancienne mention qui en ait été faite, se trouve dans le titre de fondation de l’abbaye de Buzay*, vers 1140, par le duc Conan III. Après avoir donné aux moines une partie de forêt, dans le pays de Retz, laquelle s’étendait depuis Paulx (Spauldo) jusqu'au Port-Saint-Père, le duc ajoute : Largitus sum etiam de sylva quae Gavrium nominatur quantum eis opus fuerit.
Notes
*moulin du Gâvre : lieudit actuel
*Isar : à la place de Isac
*abbaye de Buzay : située dans la commune de Rouans, au sud de la Loire
*Largitus sum... : Je fais aussi don d'autant de la forêt qui est appelée le Gavre que ce qu'ils peuvent utiliser (traduction sous réserve)

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Dans une déclaration de Jean II datée du vendredi davant la Pentecouste l’an de grâce mil dous cens quatre-vingt-seize (1296), faite en faveur des habitants du Gavre, ce prince nous apprend que ce fut le comte Pierre de Dreux, dit Mauclerc, son aïeul, qui fonda la ville du Gavre ; et comme ce titre ne se trouve en aucune de nos collections de chartes, je crois à propos d’en extraire ce qui concerne cette fondation, particularité historique qu’on chercherait vainement ailleurs.
« A tous ceulx qui ces présentes lettres voiront et orront, Jehan, duc de Bretaigne, conte de Richemont, salut en nostre Seigneur : Sachent tous que comme noz hommes demourans en nostre ville dou Gavre, disent eulx avoir aulcuns usaiges en nostre forest dou Gavre, par les donations que le conte Pierre, nostre ayeul, fist, comme ils disent, quant il fonda la dicte ville dou Gavre, et iceulx noz hommes, de leur bonne volente, se soient delaissez du tout en tout desdictz usaiges, et en avoient quitté a tous jours mez nous et noz hoirs et successeurs, sans jamez redemander en iceulx usaiges, nous, en recompensation de ce, avons delaissé esdictz noz hommes et a leurs successeurs, qui demourent et demoureront en nostre dicte ville dou Gavre, les choses qui suivent, c’est à savoir toutes les terres novelles sises entre le pont d’In (ou d'Iff)* d’une part, et le chemin qui va a Fougeray d’autre part ; desquelles terres iceulx hommes souloient payer cens chascun an a la Toussainctz, a tenir et avoir les terres a tous jours mez, lesdictz hommes et leurs successeurs, demourans en nostre dicte ville dou Gavre, comme leurs propres héritaiges.
– Item, un breil de
Notes
*pont d'In : ?
*(ou d'Iff) : note de Louis Bizeul

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boys que l’on appelle les Arpentz, comme il se divise d’un sentier qui va du pont d’In droict au Gué Sac, et une lande davant le Chesne de la Messe*, jusqu'au grand foussé qui va vers Mezpras* et jusqu'à la terre Guillaume de la Grée*. Lesquelx terre, lande et breil dessus dictz lesdictz hommes et leurs successeurs, qui demourent et demoureront en nostre dicte ville dou Gavre, tiendront et auront a tous jours mez, en la manière qui est dicte par avant, franchement et quitte, sans en payer de cens ne aultre redevance ou servitude, et est a savoir que nous octroyons a tous noz hommes qui demourent et demoureront en nostre dicte ville dou Gavre, qu’ilz seront quittes et francz a tous jours mez, de tailles et chevaulchées, et de toutes coustumes et exactions, par toute nostre terre, en telle manière que chascun d’eulx rendra a nous et a noz hoirs, pour sa maison qu’il aura en la dicte ville dou Gavre, chascun an, a la decollation sainct Jehan-Baptiste, cinq souldz de monnoie courante de cens pour la place et terres, et s’ilz en avoient plus ou moins, ilz en paeront la valeur, selon la quantité de la place qu’ilz tiendront.
– Item, leur octroyons a noz dictz hommes que nul d’iceulx ne ira a nostre ost jusqu'à l’arriere ban, (…) ».
L’acte de la fondation rappelée ci-dessus n’a pas été conservé, mais on peut croire qu’il était conçu dans les mêmes termes que celui de la fondation de Saint-Aubin du Cormier*, due au même duc Pierre de Dreux, daté de 1225 (V. Hist. De Bret., D. Mor., pr. 1. 854). C’était, comme au Gavre, un château bâti dans une forêt, et autour duquel on voulait, par des privilèges, attirer de
Notes
*Chesne la Messe : actuellement, existe une Croix du Chêne de la Messe sur l'allée de la Grée (entre le rond-point de Belle Etoile et la Grée)
*la Grée : lieudit près de l'Anglechais
*Mezpras : hameau situé sur la commune de Blain (Mespras)
*Saint-Aubin du Cormier : à 10 km au nord-est de Rennes

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nombreux habitants. Voici quelques dispositions de cette dernière charte, qui se retrouvent presque mot à mot dans celle de Jean II. « Omnibus hominibus manentibus apud S. Albinum, quoddam castrum novum situm in foresta nostra Rhedonensi concedimus, et hac presenti carta nostra confirmamus quod ipsi omnem libertatem habeant, et quod ipsi de tallia et cavalchis et omni consuetudine et exactione liberi sint et immunes, in hunc modum quod unus quisque qui in loco praenominato manserit, nobis et haeredibus nostris annuatim, in natali Domini, V solidos usualis monetae pro mansione sua reddere teneatur censuales, excepto tamen hoc quod quoties cumque nobis necesse fuerit, nobiscum ibunt in exercitu nostro. Concedimus etiam dictis hominibus quod in tota foresta nostra Rhedonensi, extra brolia, communem paturam habeant et licentiam et nemus mortuum, […] »
Ce fut donc au commencement du XIII° siècle que le château du Gavre fut bâti par Pierre de Dreux. C’était […]
Déjà ruiné et ne conservant plus que des murailles sans charpente, lors de la réformation du domaine du roi, en 1678, ce château a, depuis lors, été exploité comme une carrière, tellement et si bien qu’il n’en reste plus aujourd'hui que d’informes amas de sable de démolition qu’on aperçoit sur la gauche, en arrivant à la longue chaussée qui conduit du village de l’Angleschais* à la ville du Gavre.
Note
*l'Angleschais : actuellement l'Anglechais

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cette chaussée, qui, avant la construction du château du Gavre, était destinée à faire franchir à la voie romaine le ruisseau* marécageux sortant de la forêt, dut être exhaussée pour former l’étang qui entourait le château et lui servait de défense ; car il est à remarquer que cette forteresse était située dans le marais même, à un jet de pierre de la chaussée, qui en suivait parallèlement les murailles.
La ville (1) du Gavre est une bourgade dont les maisons sont placées de chaque côté d’une rue large et assez longue, dans laquelle il est difficile de reconnaître la voie. C’était cependant sa véritable direction ; et en la suivant, au sortir de la ville, près de la maison de la Chaussée, nous allons en retrouver les vestiges les plus certains.
Je m’écarterais de mon sujet en m’étendant davantage sur l’histoire du Gavre. […]
(1) Les habitants se servent constamment du mot ville quand ils parlent du Gavre.
Note
*ruisseau : le Perche

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[…]
A la sortie du Gavre, et près d’un ancien manoir nommé la Chaussée*, on trouve, […] les vestiges les plus apparents de la voie ; c'est-à-dire, une épaisse stratification de cailloux roulés de quartz, formant un agger encore convexe. Ces vestiges se font remarquer et suivre aisément, puisqu’ils servent encore de chemin public, qui est le chemin de Fougeray mentionné dans la charte de Jean II, depuis un petit ruisseau* dont le passage entre le Gavre  et la maison de la Chaussée porte le nom de Pont au Prince, jusqu'au-delà du village des Rottis*. A l’est et près de ce village, la voie, en descendant vers le ruisseau sortant de l’étang de Clegreuc*, est, dans une longueur de plus de 300 mètres, de la plus parfaite conservation.
Notes
*ancien manoir nommé la Chaussée : sans doute le prédécesseur du château de la Genestrie
*petit ruisseau : un affluent du Perche, contournant le bourg à l'est
*les Rottis : actuellement orthographié les Rôtis (IGN), les Rotys (pancarte de lieudit)
*étang de Clegreuc : sur la commune de Vay, toujours existant ; le ruisseau en question est ensuite appelé Perche

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Elle a 24 mètres de largeur entre ses deux contre-fossés ou berges, qui en ont eux-mêmes 3 sur 1 d’élévation.
Au village des Rottis, on remarque, sur le bord occidental de la voie, une toute petite chapelle de la plus simple architecture. Reconstruite probablement bien des fois, cette pieuse fondation doit, quant à son emplacement, remonter à une assez haute antiquité.
Après avoir traversé le ruisseau, la voie passe à quelques cents mètres à l’est des villages des haut et bas Luc, se dirigeant toujours au nord et laissant le bourg de Vay à ¾ de lieue à l’est. On ne la retrouve en cet endroit que dans un méchant petit chemin, très-étroit et très-dégradé, nommé le chemin de Poibel*. Le fond de ce chemin est assez solide en beaucoup de parties, parce qu’il a été établi sur l’agger même de la voie, dont on reconnaît facilement deux beaux fragments. Le dernier se prolonge dans un pré à l’ouest du chemin actuel, puis passe dans un champ et dans une pâture qui joint la vaste lande du haut Luc. En entrant sur cette lande, par le chemin de Poybel, vous avez quitté la voie ; mais, à quelques mètres à l’ouest, vous l’apercevez qui sort de cette pâture, coupe le chemin vicinal du haut Luc à Vay, et gravit le coteau au travers de broussailles nommées le bois du Tarot.
Elle arrive bientôt au coin oriental et méridional* de la forêt du Gavre, dans laquelle elle entre, mais en suivant son bord oriental, dont le fossé a été établi sur le contre-fossé de la voie, qui se laisse apercevoir et distinguer facilement dans tous les endroits que le fourré du bois ne
Notes
*chemin de Poibel : ?
*coin oriental et méridional : formulation peu claire ; on se trouve ici au nord de la forêt. L'auteur doit se référer à l'espèce de trapèze qui forme la partie nord de la forêt (au nord du Haut-Luc), nettement plus large que la partie centrale. Il s'agit donc du coin sud-est de ce trapèze. 

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recouvre pas entièrement. C’est ainsi qu’elle atteint le bout septentrional de la forêt, après un parcours de plus de deux kilomètres.
Un peu avant de sortir de la forêt, la voie, continuant sa direction nord, ne suit plus le fossé de la forêt, qui incline à l’est ; et, à 40 mètres vers l’ouest du coin oriental et septentrional de cette forêt, on retrouve la voie parfaitement marquée sur la lande de l’Epine des Haies*, dont le village s’aperçoit à 2 ou 300 mètres à l’ouest ; là encore elle a ses contre-fossés, et sa largeur, de 24 mètres entre eux.
Nous avons vu que depuis le moulin Maillard jusqu'au village de l’Angleschais, la voie sert de limite aux paroisses du Gavre et de Vay. Ce débornement est interrompu près du château et dans la ville du Gavre, parce que, apparemment, le fondateur, Pierre de Dreux, aura voulu arrondir sa ville et aura pris sur la paroisse de Vay ; mais la limité déterminée par la voie reprend, entre Vay et le Gavre, dès le Pont au Prince et la maison de la Chaussée, et ne cesse plus qu’au coin de forêt où nous somme parvenus. Ce coin*, connu sous le nom de l’Homme-mort*, à l’occasion peut-être d’un meurtre qui y aura été commis, l’est aussi sous celui des Quatre Contrées*, parce que quatre paroisses s’y joignent, savoir : le Gavre, Vay, Guémené-Penfao et Marsac. Deux très-petites bornes, placées au coin formé par les fossés de la forêt, indiquent seules le point conjonctif, qui, ne se trouvant plus sur la voie, a été évidemment déplacé. Il est à croire que ce point était autrefois marqué par une colonne milliaire ; mais elle a disparu et il n’en est resté aucun souvenir.
Notes
*l'Epine des Haies : hameau de la commune de Guémené-Penfao
*l'Homme-mort : cf. allée forestière de l'Homme mort, à environ un kilomètre au sud de ce point
*coin des Quatre Contrées : aujourd'hui marqué par une croix appelée (information touristique sur site) Croix des Quatre Contrées

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Je n’y ai pas même aperçu une croix, signe ordinaire d’une délimitation qu’on veut faire respecter et conserver pendant des siècles, et qui, en beaucoup de lieux, a remplacé les bornes itinéraires des Romains.
A un quart de lieue à l’ouest, est le village de la Motte*, dont le nom indique presque toujours un tumulus, et souvent un camp.
Nous sommes arrivés au point culminant* qui sépare les eaux des rivières du Don et de l’Isar. Après sa sortie de la forêt du Gavre, la voie traverse un petit ruisseau* et gravit une côte assez rapide, du haut de laquelle la vue s’étend sur tout le vallon de Blain et sur un immense horizon. […]. La voie y est encore parfaitement conservée, ainsi que dans la vaste lande qui s’étend entre les villages de Dastres en Guémené-Penfao, et la Bourdais* en Marsac. Elle sert encore ici de limite entre ces deux communes jusqu'à la rivière du Don. A peu de distance au nord d’une simple croix d’ardoise, placée au milieu de la lande, la voie commence à descendre, et s’enfonce bientôt, […], dans le profond vallon où le village du Tahun, écrit Tertre-ahun par Cassini, est, pour ainsi dire, caché sous de nombreux pommiers dont la belle verdure, […], tranche de la manière la plus absolue avec les landes pierreuses qui entourent cette sorte d’oasis. La voie travers la partie orientale du vallon, en laissant à 300 mètres à l’ouest le village du Tahun, monte le dernier coteau qui reste à franchir pour arriver
Notes
*village de la Motte : ?
*point culminant : cote 82 (carte IGN)
*petit ruisseau : ruisseau de la Roche, affluent du Don (sur Marsac)
*la Bourdais : ?

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au Don, […]. Il est difficile de reconnaître la voie dans un chemin fortement raviné, et dans des terres cultivées ; mais, comme la distance est très-faible pour arriver au passage de Pont-Veix*, sur la rivière du Don, on peut supposer que la voie s’y rendait en droite ligne. […]
Note
*Pont-Veix : actuellement le Grand Pont Veix (IGN), commune de Conquereuil

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[…]
Ce nom de Pont-Veix, que nous prononçons Pont-Vée et que j’écris selon l’ancienne orthographe du pays, suivie par Cassini, a donné lieu à diverses conjectures étymologiques. Les uns y ont trouvé Pons Veius, sans pouvoir nous dire le pourquoi de cet adjectif nominal ; les autres,

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Pons Viae, le pont de la voie, à laquelle en effet cette chaussé submersible servait de pont. Je n’admets ni l’une ni l’autre de ces explications. Il y a, ce me semble, dans ce nom Pont-Veix, quelque chose de bas breton ; veix ou me paraît avoir quelque analogie avec le mot gué, dont le radical, adopté par les latins dans vadum, est certainement celtique. Le grand et le petit du Cotentin* me paraissent de la même famille, et j’en conclus, sans rien affirmer toutefois, que Pont-Veix signifie le Pont-Gué ; c'est-à-dire un gué factice, un gué servant de pont. Tout auprès de Pont-Veix, sur la rive droite du Don, se trouve le village de Coet-Veix*, qu’on a aussi dit être le bois (coët) de la voie. La finale veix doit avoir le même sens que dans Pont-Veix : ce serait donc le bois du gué. […] »
Notes
*grand et le petit vé du Cotentin : ?
*Coet-Veix : peut-être l'actuel Petit Pont Veix, à 400 m au nord-est

A venir 
*Commentaires (je noterai simplement pour le moment que l'idée de Bizeul, selon laquelle la voie romaine était infléchie (vers l'ouest) par rapport à la route actuelle dans la partie Nord de la commune, n'est pas très convaincant)

A suivre
*La limite Est (vue d'ensemble)



Création : 22 avril 2015
Mise à jour : 1° septembre 2018 (biographie de Louis Bizeul)
Révision : 1° septembre 2018
Auteur : Jacques Richard
Blog : Territoires
Page : 43. Le Gâvre 2 : quelques pages de Louis Bizeul (1845)
Lien : http://jrichardterritoires.blogspot.fr/2015/04/le-gavre-2-louis-bizeul.html








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