mardi 18 juin 2019

76. La route de Nantes à Rennes de l'Antiquité aux Temps modernes

À propos d’un article sur la route de Nantes à Rennes


Classement : géographie locale ; Loire-Atlantique ; routes




Cette page est une annexe des articles consacrés aux limites de la commune du Gâvre :
dans lesquelles j’analyse le rôle joué par une ancienne voie (dite « voie romaine ») menant de Blain à Rennes comme limite (paroissiale puis communale) entre Le Gâvre et Vay, ainsi qu’entre Guémené-Penfao et Marsac-sur-Don. Or Blain était relié à Nantes par une voie romaine ; on peut donc penser qu’à l’époque gallo-romaine l’itinéraire Nantes-Rennes passait par Blain.
On sait que l’actuelle route de Nantes à Rennes (anciennement partie de la Nationale 137 de Saint-Malo à Saint-André-de-Cubzac) ne passe pas par Blain (à 10 km à l’ouest de la route), mais par Nozay, suivant un trajet beaucoup plus rectiligne, 105 km pour 97 km à vol d’oiseau.
La question posée est : à quelle date l’itinéraire par Nozay a-t-il été établi et quand est-il devenu prédominant ?
Quelques éléments se trouvent dans un article paru dans la revue Norois en 1958.

Référence
*Paule Champaud, « La route de Rennes à Nantes », Norois,  1958, volume 19, pp. 267-285, disponible sur le site Persée (lien)

L’auteur
Paule Champaud, née Ferré, épouse du juriste Claude Champaud, décédé en mars 2019 (lien) était en 1958, membre du Laboratoire de géographie de l’université de Rennes. Elle a soutenu (ou aurait dû soutenir) un doctorat de 3ème cycle Les Pays de la Basse-Vilaine (sous la direction André Meynier) (voir lien sur Persée, page 122)

Résumé de l’article
Le plan est le suivant :
I. - La route de Rennes à Nantes et le milieu physique
II. - La route de Rennes à Nantes et le milieu humain
III. - La route actuelle et son économie
Quelques paragraphes sont consacrés à la problématique des deux itinéraires de Nantes dans la partie II (citation ci-dessous). Cette partie donne aussi des indications intéressantes sur le développement du bourg de Nozay, en liaison avec le développement de la route Nantes-Rennes au XVIIIe siècle.

Texte
« (page 270) 
L'étude détaillée du tracé de la route révèle, pensons-nous, l'ancienneté de l'itinéraire. Il semble certain qu'un chemin gaulois (page 272) précéda, la route romaine. Plusieurs archéologues dans des études détaillées (3) se sont attachés à reconstruire la voie romaine qui allait de Condate (Rennes) à Condivincum (Nantes). Mais ils ne sont pas d'accord sur les divers chemins possibles. Les tracés aux arrivées de Rennes et de Nantes sont mal déterminés. Mise à part les études de Léon Maître (4) qui croit que la route actuelle est située à l'emplacement de la route romaine, les archéologues en général s'accordent pour placer le tracé de cette voie ancienne à l'Ouest de la route nationale actuelle.
La voie dont parle Léon Maître (l'actuelle route nationale) aurait été la plus ancienne, mais éclipsée à l'époque romaine par l'itinéraire passant par Blain (fig. 2).
Pendant le haut Moyen Âge, il est impossible de préciser l'aspect qu'elle a pris. Du VIe au IXe siècle les pays de Rennes à Nantes, régions limitrophes des influences bretonnes et romano-franques, sont soumis à des guerres continuelles et à des pillages désastreux de la part des Bretons. Il est certain que l'état de la route a dû souffrir de ces querelles incessantes.
Pendant les siècles suivants, il est souvent fait mention dans les textes des chevauchées militaires bretonnes ou anglaises qui empruntent cet itinéraire pour aller de Saint-Malo à Nantes.
Le tracé actuel de la route semble précisément et définitivement établi entre le XIIe et le XIVe siècle : à partir de ce moment les textes mentionnent les trois bourgs principaux qui jalonnent la route : Bain-de-Bretagne, Derval et Nozay. Cependant aucune étude, aucun texte ne permettent de donner des précisions sur la route médiévale.
Il faut arriver ensuite au XVIIIe siècle pour voir apparaître des documents la concernant. L'essor militaire et économique des ports de Saint-Malo et de Nantes provoque une amélioration sensible, mais la corvée (5) en vigueur n'est pas suffisante pour entretenir la chaussée en bon état.
C'est à partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle que la route acquiert ses principaux caractères : les grands tronçons de ligne droite, la- traversée difficile des bourgs au milieu desquels elle s'insinue, les postes et les relais (6) qui la marquent de distance en distance donnant naissance à des villages (fig. 2).
Malgré la difficulté du trajet en hiver principalement, tous les documents de l'époque, les archives surtout, signalent les passages fréquents de toutes sortes de voitures et de gens : voitures publiques, rouliers, chaises, charrettes, cavaliers, gens de pied.
Les voyages entre Rennes et Nantes sont encore très longs à la fin du XVIIIe siècle. Il fallait au fourgon hebdomadaire 7 jours pour faire l'aller et le retour- Rennes-Nantes-Rennes à la vitesse moyenne de 3,4 km à l'heure. »

Notes (de l'auteur), page 285
(3) Banéat, P. Études sur les voies romaines du département d'Ille-et-Vilaine. Rennes, 1928, in-8°, 82 p.
Bizeul. Voies romaines de Blain vers Angers et vers Rennes. Mellinet, Nantes, 1844, 1 br. in-8°, p, 103-163.
Bizeul. Voies romaines sortant de Blain vers Nantes et vers Saint-Nazaire. Mellinet,
Nantes, 1845, 1 br. in-8°, 101 p.
Souillet, G. Pays et paysans de la Haute-Bretagne. Imp. Simon, Rennes, 1946, in-8°, 68 p'.
Toulmouche, A. Histoire archéologique de l’époque gallo-romaine de la ville de Rennes comprenant l’élude des voies qui partaient de cette cité et celle de leur parcours. Rennes, 1846, in-4°, 326 p.
(4) Léon Maître, « Géographie industrielle de la Basse-Loire. Les forges et ateliers fortifiés », Paris, Revue Archéologique, 1919, t. IX, pages 234-273.
Léon Maître, « La conquête de la Basse-Loire par le réseau des voies romaines », Bulletin de la Société Archéologique de Nantes et de la Loire-Inférieure, volume XLIX, 1908, pages 69-99. [Disponible sur le site Gallica (lien)]

(page 271 : figure 2)


Commentaires
Les énoncés cités ci-dessus ne sont pas très clairs en ce qui concerne l’Antiquité et le Moyen Âge.
Il en ressort que de Nantes à Rennes, il a dû y avoir un chemin gaulois, puis une voie romaine.
La majorité des historiens qui se sont intéressés à ce sujet (Bizeul, Souillet, Toulmouche) font passer le chemin gaulois et la voie romaine par Blain ; Maître en revanche pense que la route contemporaine a succédé à une voie « plus ancienne » (la voie gauloise ?) tandis que la voie romaine principale passait par Blain.
En ce qui concerne le haut Moyen Âge, on n’a aucun renseignement positif.
Pour la période IXe-XIe siècles (« les siècles suivants »), on a des mentions de « chevauchées militaires bretonnes ou anglaises » sur un itinéraire Saint-Malo-Nantes (mais cela ne permet pas de préciser le tracé précis de cet itinéraire).
A partir du XIIe siècle, on a plusieurs mentions des bourgs de Bain, Derval et Nozay qui montrent que l’on est sur le tracé actuel de la route.
Il serait nécessaire de reprendre les énoncés de Léon Maître pour savoir ce qu’il dit exactement et sur quels éléments matériels il s’appuie.

A suivre




Création : 18 juin 2019
Mise à jour : 19 juin 2019 (commentaires)
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Territoires
Page : 76. La route de Nantes à Rennes de l'Antiquité aux Temps modernes
Lien  : https://jrichardterritoires.blogspot.com/2019/06/la-route-de-nantes-rennes-de-lantiquite.html







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