Quelques remarques sur les noms actuels des chefs-lieux de cités des provinces gauloises de l’Empire romain (Aquitaine, Lyonnaise, Belgique)
Classement : histoire ;
Gaule ; Gaule romaine ; Empire romain ; topnymie
Ceci est
la deuxième partie de la page Les
cités des trois Gaules 2. Les noms des chefs-lieux, dans laquelle on
trouvera la liste des cités et des noms des chefs-lieux à l’époque
julio-claudienne (milieu du 1er siècle après J.-C.) et le premier point des analyses (1) Les noms anciens des chefs-lieux de cités).
Analyses
2) Les
noms actuels des chefs-lieux de cités
Exemples
Cité des
Andecavi : le nom d’Angers
dérive du nom de la cité, pas du nom ancien de la ville, .Juliomagus.
Cité des
Aedui : le nom d’Autun dérive du
nom ancien de la ville, Augustodunum,
pas du nom de la cité.
Cité des
Arverni : le nom de
Clermont-Ferrand ne dérive ni du nom de la cité, ni du nom ancien de la ville, Augustonemetum.
Vue d’ensemble
Ancienne Aquitaine
Nom de la cité : 1 ; nom
ancien : 5 ; ni l’un, ni l’autre : 2 ; total : 8
Sud de l’ancienne Celtique
Nom de la cité : 8 ; nom
ancien : 1 ; ni l’un, ni l’autre : 3 ; total : 12
Lyonnaise
Nom de la cité : 18 ; nom
ancien : 5 ; ni l’un, ni l’autre : 1 ; total : 24
Belgique
Nom de la cité : 10 ; nom
ancien : 9 ; ni l’un, ni l’autre : 1 ; total : 20
Total
Nom de la cité : 37 ; nom
ancien : 20 ; ni l’un, ni l’autre : 7 ; total : 64
Étude détaillée
1) Noms actuels dérivés du nom
ancien
Ancienne Aquitaine
5
cas sur 8 (62 %) : 4 de ces 5 noms sont indigènes, 1 est latin.
*Bordeaux (Burdigala) :
cités des Bituriges Vivisci
*Eauze (Elusa) :
cité des Elusates
*Lectoure (Lactora) :
cité des Lactorates
*Aire (-sur-l’Adour) (Atura) : cité des Tarusates
*Dax (Aquae
Tarbellicae) : cité des Tarbelli
La
conservation du nom de Burdigala est
compréhensible, Bordeaux était une grande ville de Gaule romaine, capitale de
province (et la cité dont elle était le chef-lieu une branche secondaire des
Bituriges).
Pour
les autres cas, on remarque que les noms de cités sont dérivés du nom ancien
dans 2 cas (Lactorates et Elusates) et présente une analogie dans
le cas des Tarusates.
Sud de l’ancienne Celtique
1 cas
sur 12 (8 %) : nom indigène
*Agen
(Aginnum) ; on remarque que la
cité des Nitiobriges est limitrophe
de l’ancienne Aquitaine
Lyonnaise
5 cas
sur 24 (21 %) : 1 nom latin, 2 gaulois, 2 mixtes
*Autun
(Augustodunum), chef-lieu de la cité
des Éduens, est une ville de fondation romaine, créée à l’écart de l’ancienne
capitale, Bibracte (localisée sur le Mont Beuvray, dont le nom conserve le
souvenir et des vestiges conséquents) ; Autun était une ville de Gaule
très connue dans l’Empire romain (il s’y trouvait une école de rhétorique
importante)
*Lillebonne
(Juliobona) : cité des Calètes
*Carentan (Crociatonum) : cité des Unelli
*Rouen (Rotomagos) : cité des Veliocasses
*Feurs (Forum Segusiavorum) : cité des
Ségusiaves
La
conservation du nom d’Autun est compréhensible, c’est moins évident pour les
autres.
Belgique
9 cas
sur 20 (45 %) : 6 noms indigènes, 3 latins.
*Avenches
(Aventicum) : Helvetii
*Toul (Tullum) : Leuci
*Thérouanne
(Tarvanna) : Morini
*Bavay (Bagacum) : Nervii
*Besançon
(Vesontio) : Sequani
*Brumath
(Brocomagus) : Triboci
*Cologne
(Colonia Agrippinensis) : Ubii
*Cassel
(Castellum Menapiorum) : Menapii
*Augst (Augusta Raurica) : Rauraci
2) noms
actuels dérivés du nom de la cité
Ancienne Aquitaine
1 cas
sur 8 (12,5 %)
*Auch : cité des Auscii
Sud de l’ancienne Celtique
8 cas
sur 12 (66 %)
Lyonnaise
18 cas
sur 24 (75 %)
Belgique
10 cas
sur 20 (50 %)
3)
autres cas
Ancienne Aquitaine
Aucun
Sud de l’ancienne Celtique
3 cas
*Clermont-Ferrand
(Augustonemetum) : cité des Arverni
*Saint-Bertrand-de-Comminges
(Lugdunum Convenarum) : cité des
Convenae
*Saint-Paulien
(Ruessio) : cité des Vellavi
Lyonnaise
1 cas
sur 24
*Carhaix
(Vorgium) : cité des Osismi (à moins qu’il y ait une trace
des Osismes avec un préfixe breton, ker- ?)
Belgique
1 cas
sur 20
*Saint-Quentin (Augusta
Viromanduorum) : cité des Viromandui
On
a affaire à un cas très particulier, puisque avant la conquête, l’oppidum
central de la cité devait être localisé à « Vermand », et qu’au
Bas-Empire, le chef-lieu est revenu de Saint-Quentin à Vermand au
Bas-Empire ; un fait curieux est que le réseau des voies romaines (routes
venant d’Amiens, de Bavay et de Reims) est manifestement centré sur Vermand et
non pas sur Saint-Quentin (lien).
Noter que « Vermand » ne porte pas de marque de pluriel.
Noter que « Vermand » ne porte pas de marque de pluriel.
Conclusion
On
voit que la dérivation des noms actuels à partir des noms de cité a été un
phénomène important, surtout dans l’ancienne Celtique (au moins 26 cas sur 36,
soit 72 %), et même en Belgique (45 %)
Le
problème essentiel à ce point est d’étudier les processus qui ont permis cette
substitution (comment cela s’est passé, ce qui peut donner des indications sur
le « pourquoi ? ».
À venir
*La
substitution des noms de cités aux noms des chefs-lieux
Création : 14 septembre 2019
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Questions d’histoire
Page : QH 66. Les cités des trois Gaules 2. Les noms des chefs-lieux (suite)
Lien : https://jrichardterritoires.blogspot.com/2019/09/les-cites-des-trois-gaules-2-les-noms.html
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