samedi 14 septembre 2019

QH 66. Les cités des trois Gaules 2. Les noms des chefs-lieux (suite)

Quelques remarques sur les noms actuels des chefs-lieux de cités des provinces gauloises de l’Empire romain (Aquitaine, Lyonnaise, Belgique)


Classement : histoire ; Gaule ; Gaule romaine ; Empire romain ; topnymie




Ceci est la deuxième partie de la page Les cités des trois Gaules 2. Les noms des chefs-lieux, dans laquelle on trouvera la liste des cités et des noms des chefs-lieux à l’époque julio-claudienne (milieu du 1er siècle après J.-C.) et le premier point des analyses (1) Les noms anciens des chefs-lieux de cités).

Analyses
2) Les noms actuels des chefs-lieux de cités
Exemples
Cité des Andecavi : le nom d’Angers dérive du nom de la cité, pas du nom ancien de la ville, .Juliomagus.
Cité des Aedui : le nom d’Autun dérive du nom ancien de la ville, Augustodunum, pas du nom de la cité.
Cité des Arverni : le nom de Clermont-Ferrand ne dérive ni du nom de la cité, ni du nom ancien de la ville, Augustonemetum.

Vue d’ensemble
Ancienne Aquitaine
Nom de la cité : 1 ; nom ancien : 5 ; ni l’un, ni l’autre : 2 ; total : 8
Sud de l’ancienne Celtique
Nom de la cité : 8 ; nom ancien : 1 ; ni l’un, ni l’autre : 3 ; total : 12
Lyonnaise
Nom de la cité : 18 ; nom ancien : 5 ; ni l’un, ni l’autre : 1 ; total : 24
Belgique
Nom de la cité : 10 ; nom ancien : 9 ; ni l’un, ni l’autre : 1 ; total : 20
Total
Nom de la cité : 37 ; nom ancien : 20 ; ni l’un, ni l’autre : 7 ; total : 64

Étude détaillée
1) Noms actuels dérivés du nom ancien
Ancienne Aquitaine
5 cas sur 8 (62 %) : 4 de ces 5 noms sont indigènes, 1 est latin.
*Bordeaux (Burdigala) : cités des Bituriges Vivisci
*Eauze (Elusa) : cité des Elusates
*Lectoure (Lactora) : cité des Lactorates
*Aire (-sur-l’Adour) (Atura) : cité des Tarusates
*Dax (Aquae Tarbellicae) : cité des Tarbelli
La conservation du nom de Burdigala est compréhensible, Bordeaux était une grande ville de Gaule romaine, capitale de province (et la cité dont elle était le chef-lieu une branche secondaire des Bituriges).
Pour les autres cas, on remarque que les noms de cités sont dérivés du nom ancien dans 2 cas (Lactorates et Elusates) et présente une analogie dans le cas des Tarusates.
Sud de l’ancienne Celtique
1 cas sur 12 (8 %) : nom indigène
*Agen (Aginnum) ; on remarque que la cité des Nitiobriges est limitrophe de l’ancienne Aquitaine
Lyonnaise
5 cas sur 24 (21 %) : 1 nom latin, 2 gaulois, 2 mixtes
*Autun (Augustodunum), chef-lieu de la cité des Éduens, est une ville de fondation romaine, créée à l’écart de l’ancienne capitale, Bibracte (localisée sur le Mont Beuvray, dont le nom conserve le souvenir et des vestiges conséquents) ; Autun était une ville de Gaule très connue dans l’Empire romain (il s’y trouvait une école de rhétorique importante)
*Lillebonne (Juliobona) : cité des Calètes
*Carentan (Crociatonum) : cité des Unelli
*Rouen (Rotomagos) : cité des Veliocasses
*Feurs (Forum Segusiavorum) : cité des Ségusiaves
La conservation du nom d’Autun est compréhensible, c’est moins évident pour les autres.

Belgique
9 cas sur 20 (45 %) : 6 noms indigènes, 3 latins.
*Avenches (Aventicum) : Helvetii
*Toul (Tullum) : Leuci
*Thérouanne (Tarvanna) : Morini
*Bavay (Bagacum) : Nervii
*Besançon (Vesontio) : Sequani
*Brumath (Brocomagus) : Triboci
*Cologne (Colonia Agrippinensis) : Ubii
*Cassel (Castellum Menapiorum) : Menapii
*Augst (Augusta Raurica) : Rauraci

2) noms actuels dérivés du nom de la cité
Ancienne Aquitaine
1 cas sur 8 (12,5 %)
*Auch : cité des Auscii
Sud de l’ancienne Celtique
8 cas sur 12 (66 %)
Lyonnaise
18 cas sur 24 (75 %)
Belgique
10 cas sur 20 (50 %)

3) autres cas
Ancienne Aquitaine
Aucun
Sud de l’ancienne Celtique
3 cas
*Clermont-Ferrand (Augustonemetum) : cité des Arverni
*Saint-Bertrand-de-Comminges (Lugdunum Convenarum) : cité des Convenae
*Saint-Paulien (Ruessio) : cité des Vellavi
Lyonnaise
1 cas sur 24
*Carhaix (Vorgium) : cité des Osismi (à moins qu’il y ait une trace des Osismes avec un préfixe breton, ker- ?)
Belgique
1 cas sur 20
*Saint-Quentin (Augusta Viromanduorum) : cité des Viromandui
On a affaire à un cas très particulier, puisque avant la conquête, l’oppidum central de la cité devait être localisé à « Vermand », et qu’au Bas-Empire, le chef-lieu est revenu de Saint-Quentin à Vermand au Bas-Empire ; un fait curieux est que le réseau des voies romaines (routes venant d’Amiens, de Bavay et de Reims) est manifestement centré sur Vermand et non pas sur Saint-Quentin (lien).
Noter que « Vermand » ne porte pas de marque de pluriel.

Conclusion
On voit que la dérivation des noms actuels à partir des noms de cité a été un phénomène important, surtout dans l’ancienne Celtique (au moins 26 cas sur 36, soit 72 %), et même en Belgique (45 %)
Le problème essentiel à ce point est d’étudier les processus qui ont permis cette substitution (comment cela s’est passé, ce qui peut donner des indications sur le « pourquoi ? ».

À venir
*La substitution des noms de cités aux noms des chefs-lieux



Création : 14 septembre 2019
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Questions d’histoire
Page : QH 66. Les cités des trois Gaules 2. Les noms des chefs-lieux (suite)
Lien : https://jrichardterritoires.blogspot.com/2019/09/les-cites-des-trois-gaules-2-les-noms.html








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