Classement : Front national ; préférence nationale
Référence
*« On sort du cadre républicain », L’Obs, 16 mars 2017, page 40
Présentation
Ce numéro de L’Obs
propose un dossier sur Les cent premiers jours de Marine Le Pen à supposer qu’elle
soit élue présidente de la République.
Un élément de ce dossier est l’encart référencé,
qui pour l’essentiel transcrit une déclaration de Dominique Rousseau, « professeur
de droit constitutionnel à Paris-I ».
Il s’agit de contrer les trois grandes propositions de
Marine : « autoriser la préférence nationale, rétablir la supériorité
de la loi française sur les traités européens et généraliser les référendums ».
Un des arguments du professeur Rousseau est tout à fait
surprenant et mérite d’être porté à la connaissance du monde.
Texte
On trouvera une reproduction de l'encart en bas de page.
Il s’agit ici d’un élément de sa déclaration :
« La préférence nationale, c’est passer de l’égalité
entre tous à la discrimination au profit des seuls membres de la patrie. On sort
du cadre républicain qui pose l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans
distinction d’origine, de race ou de religion (article 1er de la
Constitution). »
Analyse
Si on suit Dominique Rousseau, « les seuls membres de
la patrie », ce n’est donc pas la même chose que « tous les citoyens ».
La volonté de décrédibiliser le Front national l’emporte sur le
simple bon sens. En effet, la préférence nationale consiste à établir une
discrimination entre les Français (ceux qui ont la nationalité française) et
les étrangers (ceux ont une nationalité étrangère, tout en résidant en France).
Or l’article 1er de la Constitution de 1958 dit
simplement qu’on ne peut pas établir de discrimination entre citoyens, entre
Français. Il ne dit rien sur les étrangers.
Il n’y a donc ici aucune contradiction entre la préférence nationale
et cet article !
Il est vrai que, dans nombre de cas, les étrangers résidant
en France disposent des mêmes droits que les Français (par exemple : accès
à l’école, aux soins, droits syndicaux, etc. etc.). Mais c’est le résultat de
luttes sociales, de mesures législatives, pas de la Constitution, pas de son
article 1er notamment.
Commentaire
Cette page prolonge celle que j’ai récemment écrite A
propos de la « préférence nationale »
en ce qui concerne l’accès à la fonction publique (corrigée
désormais en « préférence européenne » par la réciprocité dans le
cadre de l’Union).
Il ne s’agit pas de « défendre le Front national »,
mais simplement de dire que la préférence nationale n’est pas en elle-même un
concept antirépublicain et anticonstitutionnel (pas plus je pense que le
protectionnisme). Le Monde (journal de
haute qualité) est le grand responsable de ces errements avec son « concept »
de « lepénisation des esprits ».
Il est certain que la systématisation dure de la préférence nationale
impliquerait une régression des droits des étrangers résidant en France, une
sorte de rétroaction, qui seraient certainement génératrices de tensions et de
dérives diverses.
On peut aussi évoquer le non-dit qui entoure
l’idée de la préférence nationale : on peut imaginer que le Front passerait facilement de la préférence nationale à la volonté d’épurer le corps
des citoyens (certaines personnes ayant récemment acquis la nationalité pouvant
être soumises à des formes plus ou moins bénignes de discriminations informelles, à moins
bien sûr de pouvoir s’assurer de la protection du parti, par exemple, en y
adhérant !).
On peut aussi dire que le Front national ne recule pas
devant les approximations, voire les mensonges, qu’il est tout disposé à
utiliser une rhétorique trumpiste (invective, appel à l’opinion publique,
etc.).
Conclusion
Pour autant, cela n’utilise pas les adversaires du Front national,
fussent-ils professeur de droit, à écrire des âneries de première catégorie
pour, soi-disant, le combattre !
Reproduction de l'encart
Création : 22 mars 2017
Mise à jour : 23 mars 2017
Révision : 5 septembre 2017
Auteur : Jacques Richard
Blog : Territoires
Page : 62. La préférence nationale 2
Lien : http://jrichardterritoires.blogspot.fr/2017/03/la-preference-nationale-2.html
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