lundi 14 décembre 2020

QH 94. Portrait de Daniel Picouly en faussaire de l'histoire

Quelques remarques sur un mensonge de Daniel Picouly, de Baptiste Liger (Lire) et de la rédaction de Lire à propos du Code noir


Classement : Daniel Picouly ; Code noir ; intersectionnalisme




Références
*Daniel Picouly, « Blanc sur noir », Lire n° 490, novembre 2020, page 127
*Dany Laferrière, Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer, Montréel, VLB, 1985

Les auteurs
*Daniel Picouly, né en 1948, est un écrivain français connu (prix Renaudot en 1999 pour L’Enfant léopard)
*Dany Laferrière, né en 1953, est un écrivain haïtien (prix Médicis 2009 pour L’Énigme du retour), membre de l’Académie française depuis 2013 (réception en 2015)

Texte

Analyse
A l’occasion d’une réédition française (Zulma, 2020), Daniel Picouly rend compte du premier livre de Dany Laferrière, qu’il présente comme un « chef-d’œuvre » (pas d’opinion sur ce point).
Il dénonce de façon plus ou moins cryptique le « politiquement correct » qui interdit d’utiliser le mot « nègre » et met en valeur la « franchise » de Laferrière qui, lui, l’utilise ouvertement.
A cette occasion, Picouly donne une citation précise du roman, relative au Code noir : « Le Nègre est un bien meuble. Code noir 1685 », citation qui correspond à l’exergue du roman. Picouly semble aussi se réjouir des menaces proférées à l'encontre de la mémoire de Colbert (auteur supposé de cette prétendue « règle de droit »). On pourrait dire que M. Picouly cède à la facilité, qu'il nage dans le sens d'un courant pourtant dangereux.

Commentaire
En effet, l'exergue proposé par Dany Laferrière est inexact, c'est une fausse citation (par rapport au Code noir). Comme je l’ai montré par d’autres pages (cf. infra), le « Code noir 1685 », qui est en réalité l’« Edit du Roi Touchant la Discipline des Esclaves Nègres des Isles de l'Amérique Française, donné à Versailles au mois de mars 1685 » ; ne dit pas du tout « Le Nègre est un bien meuble », ni même « Les Nègres sont des biens meubles ». Cet édit emploie occasionnellement le mot « nègre » (12 fois) mais il parle le plus souvent des « esclaves » et ce qu’il dit précisément (article 44), c’est « Déclarons les esclaves être meubles ».
« Les esclaves » et non pas « les nègres ».

Picouly répondra peut-être que « c’est pareil », puisque les esclaves étaient tous des noirs. Oui, mais non, puisque l’édit de 1685 prévoit la possibilité d’affranchir les esclaves, donc considère qu’un Noir peut être libre, et même sujet de plein droit du roi de France (article 59). Ceux qui avaient le statut d’esclave étaient certes considérés du point de vue du droit de propriété comme des biens meubles (et non pas « des meubles »-choses), mais ces esclaves n'en étaient pas moins tenus pour être des êtres humains qu’il fallait, notamment, baptiser et éduquer dans la religion catholique (article 2).

Correspondance avec M. Picouly, M. Liger et la rédaction de Lire
Je leur ai adressé plusieurs messages mettant en évidence l’erreur contenue dans la formulation de Dany Laferrière et leur demandant soit de la reconnaître, soit de me prouver que j’ai tort.

Conclusion
N’ayant eu aucune réponse « au bout de cinq à six semaines », j’ai décidé de résilier mon abonnement à Lire et, d’une façon plus générale, de classer désormais les sieurs Picouly et Liger, qui refusent de reconnaître une erreur après en avoir été informés (l’erreur devenant alors un mensonge), refusant même d'en discuter, de les classer dans la catégorie des FAUSSAIRES DE L’HISTOIRE, en l’occurrence de ceux qui se mettent objectivement au service de l’idéologie intersectionnaliste dominant depuis quelques années plusieurs domaines de la vie politique et intellectuelle.
En ce qui concerne M. Laferrière, je ne me prononce pas, n’ayant pas à ce jour entrepris de l’informer de son erreur.

Mise à jour de cette correspondance (16 janvier 2021)
Peu de temps après la publication de cette page, j’ai reçu de Liger un message me transmettant une réponse de Picouly, à lui adressée. Tout en la jouant grand seigneur, Picouly refuse de reconnaître que Laferrière a fait une fausse citation du « Code noir », et lui-même à sa suite.
Pour noyer le poisson, il fait étalage de sa grande érudition sur le sujet, en me renvoyant de façon condescendante à deux publications :
« Le Code Noir a donné lieu à une littérature considérable, quant à ses objectifs, son origine, sa rédaction et sa mise en œuvre. Je ne citerais [sic] pour ce qui me concerne que l’étude parue dans le Bulletin de la Société d’Histoire de la Guadeloupe dans son n° 157 de septembre-décembre 2010 Les « Questions ridicules » : la nature juridique des esclaves et cultures aux Antilles d’André Castaldo. Il rend un état très scrupuleusement [sic], sous l’angle juridique, des débats, controverses et polémiques suscités par Le Code Noir.
Que chacun s’il le souhaite aille y voir. »
Il s’imagine que je vais passer des heures à trouver ces deux ouvrages, puis à les lire ? Alors que ce que je lui demandais, c’est de comparer ce qu’a écrit Laferrière avec un article d’un texte que je lui fournissais !
Un Picouly ne saurait s’abaisser, devant un quelconque manant, à reconnaître qu’un Laferrière a tort.

Pages de ce blog relatives au « Code noir »

Quelques articles notables de l’édit de 1685, dit « le Code noir 1685 »
« II. Tous les Esclaves qui seront dans nos Isles, seront bâtisés et instruits dans la Religion Catholique, Apostolique et Romaine. Enjoignons aux Habitans qui achèteront des Nègres nouvellement arrivés d’en avertir les Gouverneur et Intendant* desdites Isles dans huitaine au plus tard, à peine d’amende arbitraire, lesquels donneront les ordres nécessaires pour les faire instruire et bâtiser dans le temps convenable. »

« XLIV. Déclarons les Esclaves être meubles, et comme tels entrer en la Communauté, n’avoir point de suite par hypothèque, et se partager également entre les cohéritiers sans préciput, ni droit d’aînesse ; n’être sujets au douaire Coutumier, au Retrait Féodal et Lignager, aux Droits Féodaux et Seigneuriaux, aux formalités des Décrets, ni aux retranchemens des quatre Quints, en cas de disposition à cause de mort, ou testamentaire. »

« LVII. Déclarons les affranchissemens faits dans nos Isles, leur tenir lieu de naissance dans nos isles, et les Esclaves affranchis n’avoir besoin de nos Lettres de naturalité, pour jouir des avantages de nos Sujets naturels dans notre Royaume, Terres et Pays de notre obéissance, encore qu’ils soient nés dans les Pays étrangers. »

« LIX. Octroyons aux affranchis les mêmes droits, privilèges et immunités dont jouissent les personnes nées libres : voulons que le mérite d’une liberté acquise produise en eux, tant pour leurs personnes que pour leurs biens, les mêmes effets que le bonheur de la liberté naturelle cause à nos autres Sujets. »



Création : 14 décembre 2020
Mise à jour : 16 janvier 2021 (une pseudo-réponse de Picouly)
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Question d’histoire
Page : QH 94. Portrait de Daniel Picouly en faussaire de l'histoire
Lien : https://jrichardterritoires.blogspot.com/2020/12/portrait-de-daniel-picouly-en-faussaire.html







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